Les galeries du Marais Elles étincellent derrière de grandes vitrines ou roupillent dans de somptueux hôtels particuliers, nichés au fond de cours cachées. Depuis une dizaine d'années, les galeries d'art contemporain les plus prestigieuses de la capitale (à quelques exceptions près) ont élu domicile dans le quartier historique de Paris. Et on ne va pas s'en plaindre : c'est foisonnant, c'est gratuit et ça nous donne encore une bonne raison de sillonner l'étroit dédale des rues du Marais. Alors tant pis si papillonner à l'aveuglette et se perdre parmi les foules cousues d'or fait partie du jeu : la rédaction a quand même concocté un petit guide des galeries incontournables du quartier pour vous aider à vous y retrouver dans cette dense, très dense, fourmilière artistique. Les reines de la ruche Thaddaeus Ropac Si l’activité de Ropac est centrée sur sa galerie de Salzburg, son espace parisien (allié à une nouvelle galerie à Pantin) propose lui aussi une programmation grouillant de monstres de l'art contemporain comme Antony Gormley ou Anselm Kiefer. En savoir +Ils sont passés par là :• Gilbert & George• Robert Mapplethorpe• Daniel Richter Emmanuel Perrotin Elle a pignon sur rue (de Turenne) et existe aussi à Hong Kong. On ne présente plus la galerie Perrotin, installée dans un vaste hôtel particulier. Artistes stars, clients bling bling et choix audacieux en font LA référence du marché de l'art parisien. En savoir +Ils sont passés par là :• Sophie Calle• Gelitin• Maurizio Catte
En 2005, François Pinault renonçait à l'idée d'édifier sa fondation d'art sur l'île Seguin, à Boulogne-Billancourt. Lassé par les problématiques « administratives » françaises, il choisissait finalement le Palazzo Grassi, à Venise, pour héberger sa colossale collection. Un pied de nez du milliardaire que le marché de l'art hexagonal - qui s'alimente en dévorant les portefeuilles de quelques très rares collectionneurs - avait mal digéré.
Mais neuf ans plus tard, la grosse machine à sous a le ventre bien rempli. Elle vient d'avaler un beau trophée : la Fondation Louis Vuitton, qui a tout juste jeté l'ancre dans le Bois de Boulogne, sur le site d'un ancien terrain de bowling. Le spectaculaire bâtiment dessiné par l'architecte star Frank Gehry, pour abriter les œuvres collectées par le PDG du groupe LVMH Bernard Arnault, a été inauguré par François Hollande le lundi 20 octobre. Un « très beau bijou » plus qu'une galerie d'art innovante, estime dans Courrier International le critique d'art Fiachra Gibbons, qui n'est pas le seul à voir dans cette institution privée une nouvelle preuve de la mainmise des grands groupes financiers liés à l'industrie du luxe (Cartier, Vuitton, Lafayette, Printemps...), sur la production artistique d'aujourd'hui.* Et un symbole du manque de dynamisme d'une capitale qui préfère peaufiner son image de ville-musée plutôt que de s'échiner à promouvoir la jeune garde et à rendre l'art plus accessible.
Située dans les beaux quartiers excentrés de l'Ouest parisien, la Fondation LVMH souffle en effet dans le sens des vents élitistes du paysage culturel. Sa programmation, elle, devrait se concentrer sur les grandes pointures de l'art d'aujourd'hui. Cet automne : Gerhard Richter, Pierre Huygue, Christian Boltanski. Cet hiver : Olafur Eliasson. Et au printemps : Giacometti, Picasso et Warhol. Voilà qui donne le ton. Ce n'est pas ici que l'on viendra repérer de jeunes et obscurs talents. Non, visiblement quand Bernard Arnault fait du mécénat, c'est plus pour dorer la cote de ses investissements artistiques que pour donner un coup de pouce à des artistes qui en auraient vraiment besoin.
En chiffres, la Fondation Vuitton, c'est une coquille faite de douze voiles de verre, à l'intérieur de laquelle siège un immense auditorium et un espace d'exposition de 3 850 m2, composé de onze galeries - une surface muséale finalement assez restreinte, par rapport notamment au gigantesque musée Guggenheim de Bilbao, réalisé lui aussi par Frank Gehry.
Mais il n'y a pas à dire, ce nouvel écrin pour l'art contemporain s'avère grandiose, impressionnant, et devrait exceller dans la fonction qu'il a choisie : accueillir les stars de l'art d'aujourd'hui. S'il ne révolutionnera sans doute pas le paysage culturel, il nous permettra au moins de voir de belles œuvres d'art dans de belles conditions. A commencer par un échantillon croustillant de la collection de Bernard Arnault, et une exposition consacrée à Frank Gehry.
* Voir aussi cet article édifiant sur le sujet, paru sur Mediapart et signé entre autres par l'artiste Jean-Luc Verna, le chorégraphe Xavier LeRoy et le directeur du Mamco de Genève Christian Bernard.
Fondation Louis Vuitton
> 8 avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 16e.
> Week-end inaugural les 24, 25 et 26 octobre : accès gratuit sur inscription (complet).
> Ouverture au public le lundi 27 octobre.
Plus d'infos sur le site de la Fondation.