Allez chez Bob de Tunis, c’est déguster de la nostalgie au carré dans un pain rond. La nostalgie d’une Tunisie que la famille Attal a quittée précipitamment à la fin des années 60, quand a été détruit le Bob de Tunis original, la boutique de Victor, le père de Khamous, l’actuel taulier octogénaire du duplicata parisien ouvert en 1982 (non, personne ne s’appelle Bob ici !). La petite cambuse ressemble à ces appartements oubliés où rien n’a bougé depuis un demi-siècle : portraits de champions de boxe vintage, coupures de journaux, conserves multicolores et photos de famille jaunies. C’est aussi pour la nostalgie d’un quartier séfarade qui doucement s’efface que les habitués plus ou moins chenus viennent mordre dans les sandwichs que confectionne « Bob », maestro devant son orgue à ingrédients.
Car si, sur les plateaux couverts d’alu, patientent banatages (croquettes à la viande), boulettes de poisson et bricks, la vedette de ces lieux reste le casse-croûte tunisien, un petit pain italien débordant de thon, d’œuf dur, de patate, de kémia, et allumé par de la harissa. Ça sonne sec et pourtant, ça ne l’est pas (l’huile, sans doute…). Un bout de Maghreb à manger sur place en écoutant les copains de Bob parler du monde ancien.