Après le béluga dans la Seine, on a aperçu un Recoin dans le 11e ! Pas de panique, celui-là est pacifique comme un bistrot de quartier. À la manœuvre, le formidable Florent Ciccoli, ouvreur de tôles multirécidiviste (Les Pères pop, Jones, Cheval d’Or…) et ses coéquipiers Jules, Félix et Bertrand. Ensemble ils bissent leur Café du coin dans une rue Saint-Sabin qui en avait bien besoin, placardisée entre Bastille et le Marais. Résultat ? Un troquet copain (sol carrelé bleu piscine, bois blond, quelques tables sur le trottoir) qui nous prend dans ses bras du premier café du matin au dernier calva du soir.
Annoncée sur feuille A4, la formule dej (24 €) du chef finlandais Marlo Snellman dessine une fringante bistrote en ligne claire. L’autre midi, en entrée, on écope une primesautière salade de moules et thon confit dans une eau de tomate verdie de feuilles salines d’obione ; puis on voit briller une échine de cochon plus juteuse que le nouveau contrat de Mbappé au PSG, sur de belles rondelles d’aubergine grillées, lubrifiées de jus de viande aux airelles – pour la touche suomi du cuistot. Et le dessert nous en bouche un recoin : un ébaubissant baba, à l’absinthe, avec sorbet aux fruits rouges et chantilly. De l'ordinaire en barre ! Prolongé le soir par des petites assiettes à grignoter du même tonneau : beignets de maïs, fromage blanc ; ragoût de seiche, coco de Paimpol ; blini haddock, crème, pickels...
Côté liquides, la carte des pinards au verre est glouglou ascendant vin de soif, comme ce rosé du domaine du Petit Oratoire (6 €) ou cette bulle italienne de Furlani (7 €). Et pour descendre des demis comme on respire, il y a de la Deck & Donohue à la tireuse (3 € les 25 cl). Bref, un rade aussi indispensable dans un quartier qu’un anorak dans une garde-robe.