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Je vis à Paris, la meilleure ville du monde pour la culture en ce moment – voici mes 7 incontournables

Nous sommes l’une des villes les plus touristiques du monde, et ce n’est pas que pour les croissants.

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard
Journaliste, Time Out Paris
Je vis dans la capitale de la culture. Voici sept trucs à faire absolument.
Photo de Francisco Mamani sur Unsplash
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Je ne suis peut-être pas la plus objective quand je crie partout que Paris est la meilleure ville du monde pour la culture – mais c’est aussi le verdict du dernier classement de Time Out. J'ai beau avoir bourlingué, j’y reviens toujours. Pour ses toits en ardoise, ses restos ouverts à 2 h du mat, ses soirées qui s’improvisent. Pour son métro cracra mais pratique, ses chemins de traverse, ses pop-up qui apparaissent et disparaissent comme par magie.

Et surtout, parce qu’ici, marcher revient à feuilleter tous les musées du monde en quelques rues. On y vit le nez en l’air, à traquer une cariatide ou une fresque planquée. On s’assoit aux Tuileries comme d’autres s’installent au musée d’Orsay. On squatte un vernissage de la rue de Seine un verre à la main, une clope dans l’autre. Avant d’être capitale de la mode, de la bouffe ou de la teuf, Paris reste et demeure la ville du beau. Et nous, Parisiens, les esthètes autoproclamés de cette galerie à ciel ouvert.

Plus de 200 musées, un millier de galeries, et probablement tout autant de lieux éphémères où la beauté règne en grande maîtresse. Difficile parfois de s’y retrouver. Et si le Louvre et le Centre Pompidou continuent de m’émerveiller, le Paris-muséal, c’est bien plus que ça. Voici quelques-uns de mes repaires préférés, pour s’en mettre plein la rétine.

Le Musée des Arts Décoratifs (MAD)

D'abord, quitte à flâner du côté du Louvre, autant éviter la foule compacte de visiteurs (que l’on apprécie, mais avec modération) pour se glisser à quelques mètres de là, au Musée des Arts Décoratifs, sobrement renommé MAD depuis 2018. Installée dans la superbe aile Marsan du palais du Louvre, cette institution fondée en 1864 s’appuie aussi bien sur sa vaste collection permanente que sur ses expositions temporaires, toujours remarquablement conçues pour séduire un large public. Et si elle se consacre principalement au design et aux arts décoratifs, c’est bien pour ses expositions de mode que l’on s’y rend en priorité. Dior, Mugler, Iris Van Herpen, Schiaparelli… tous y ont été mis à l’honneur, leurs silhouettes spectaculaires sublimées par des scénographies délirantes et un sens du commissariat particulièrement aiguisé. Mention spéciale également pour la boutique du musée, spécialisée dans le design, qui propose des pièces d’exception à acquérir pour repenser sa décoration — ou simplement prolonger l’expérience de l’exposition, au choix.

musée des Arts décoratifs présentera sa première grande monographie dédiée à Paul Poiret
En juin, le musée des Arts décoratifs présentera sa première grande monographie dédiée à Paul Poiret.

Du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026, le musée des Arts décoratifs présentera sa première grande monographie dédiée à Paul Poiret (1879-1944).

Musée des Arts décoratifs
107 Rue de Rivoli, 75001 Paris

Le Palais de Tokyo

C’est un incontournable que, pourtant, (presque) seuls les Franciliens visitent. Situé dans le quartier du Trocadéro, face à la Seine, juste à côté du Musée d’Art Moderne, celui que l’on considère comme le plus grand centre d’art contemporain du monde a bien des atouts dans sa manche. Il paraît d’ailleurs que son immense parvis – où se croisent skateurs et influenceuses – est l’un des meilleurs spots de Paris pour réaliser le selfie parfait, avec la Tour Eiffel en arrière-plan. Et à l’intérieur, l’effet "waouh" ne faiblit pas, bien au contraire. Sur 22 000 mètres carrés, l’espace accueille différentes expositions temporaires (ici, pas de collection permanente), toujours avant-gardistes, toujours politiques. Au sous-sol, une grotte de Lascaux 2.0 abrite la fine fleur des street-artists, tandis qu’à l’étage principal, deux restaurants et une librairie (l’une des meilleures spécialisées dans l’art à Paris) permettent de prendre le temps de digérer ce que l’on vient de voir. Et si l’on ne veut vraiment pas partir – ce qui m’est arrivé plus d’une fois –, on peut attendre la nuit pour faire un tour au YOYO, le club du musée, agréable mais franchement onéreux. Bon, après tout, on reste dans le 16e.

Palais de Tokyo
© Nigel Jarvis / Shutterstock.com

Le Palais de Tokyo
13 Av. du Président Wilson, 75116 Paris

La Gaîté Lyrique

Ancien théâtre du quartier du Marais transformé en centre culturel en 2011, la Gaîté Lyrique a toujours fait partie de ces lieux où l’on se sent immédiatement bien. Spécialiste des cultures post-internet, le lieu s’étend sur sept étages, chacun invitant à un voyage au cœur de l’ère numérique. Entre arts visuels, jeu vidéo, mode ou musique, la Gaîté Lyrique se veut le témoin d’une époque mouvante, toujours inspirée et souvent engagée. La preuve : en décembre dernier, l’espace culturel a accueilli, malgré lui, des mineurs isolés en attente de logement. L’occupation a duré quatre mois, durant lesquels la Gaîté n’a cessé d’interpeller la Ville de Paris, sans jamais abandonner ces jeunes, malgré les difficultés d’accueil. Aujourd’hui menacée de fermeture, la Gaîté doit retrouver sa joie de vivre – et je recommande plus que jamais à quiconque d’y faire un tour quand elle aura réouverte. Les expositions y sont grandioses, le café délicieux, et la programmation aussi dense qu’éclectique : on peut, par exemple, suivre un cours de voguing, assister à un concert, enregistrer un podcast ou apprendre à réparer soi-même ses appareils électroniques. 

Gaîté Lyrique
© Benoît Rousseau

La Gaîté Lyrique
3 bis Rue Papin, 75003 Paris

Chapelle XVI

Non, à Paris, il n’y a pas que le Marais, Saint-Germain ou le Troca’ pour se faire une expo. Ce ne sont d’ailleurs pas les quartiers que je fréquente le plus, et pourtant, j’arrive à prendre ma dose d’art à peu près tous les jours – parfois sans même le chercher. Du côté du 18e, par exemple – un arrondissement (trop) rarement cité dans les guides touristiques à la rubrique art –, on trouve pas mal d’endroits à la programmation surprenante. Parmi eux, la Chapelle XVI, un lieu difficile à définir, mais franchement enthousiasmant. À mi-chemin entre café, disquaire, galerie d’art et boutique design, ce spot est à l’image du quartier : vibrant, éclectique et sans compromis. À mille lieues des galeries pompeuses de la rue de Seine, la Chapelle XVI prouve que non, l’art n’a pas besoin d’être élitiste – ni ennuyeux. Et qu’il peut très bien se découvrir à plein volume.

Chapelle XVI
14 boulevard de la Chapelle, 75018 Paris

Galerie Thaddaeus Ropac – Pantin

Un peu dans la même veine, j’aurais du mal à recommander des lieux culturels parisiens sans suggérer, au moins une fois, de franchir le périph’. La transition la plus douce entre la capitale et sa petite couronne se fait probablement à Pantin — un peu notre Brooklyn à nous. Grand nom de l’art international, Thaddaeus Ropac a été l’un des premiers à migrer vers la banlieue, en installant ses locaux dans cette ancienne usine de 2 000 mètres carrés en 2012. Résultat : un espace bien plus vaste que celui situé rue Debelleyme (dans le 3e arrondissement), capable d’accueillir des installations monumentales de Georg Baselitz ou des toiles XXL d’Anselm Kiefer.
Des solo shows aux monographies, le galeriste ne rate jamais sa cible. Et moi, j’en ressors toujours les yeux grands ouverts.

Thaddaeus Ropac
69 Av. du Général Leclerc, 93500 Pantin

La Maison Européenne de la Photographie (MEP)

Même si j’avoue être plus branchée peinture que photo, je crois n’avoir jamais passé un mauvais moment à la MEP. Installé dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle, au cœur du Marais, l’espace accueille depuis 1996 les plus grands noms de la discipline : de Larry Clark à Martin Parr, en passant par Zanele Muholi ou Viviane Sassen. Les angles sont toujours d’une pertinence rare, les accrochages sublimes (et ce n’est pas évident de se démarquer quand on n’expose que de la photographie), et le rythme entre les différentes programmations suffisamment soutenu pour donner envie d’y revenir chaque mois. Sans parler de l’architecture du lieu, de son parquet qui grince et de son escalier d’époque. D’ailleurs, une fois le photographe du moment découvert, il faut prolonger la visite, flâner dans les étages, jusqu’à s’attarder dans la bibliothèque et feuilleter ses ouvrages rares, tous consacrés au huitième art.
C’est un passage obligé. 

MEP - Maison Européenne de la Photographie
5/7 Rue de Fourcy, 75004 Paris

Le BAL

Autre spot photo, le BAL est une version plus confidentielle de la MEP – peut-être aussi plus en prise avec l’époque. Ultra-pointu, cet espace dédié à l’image contemporaine, niché près de la place de Clichy, est un havre de paix au milieu des klaxons et des terrasses bondées du quartier. Créé en 2010, le BAL mise souvent sur l’émergence pour faire résonner des problématiques contemporaines, et tente parfois de raviver certaines gloires passées de la photographie à travers un regard ancré dans le présent. J’ai beau chercher, je ne me souviens pas d’une seule fois où l’accrochage ou le propos de l’artiste présenté m’ait laissée indifférente. Le commissariat y est toujours impeccable, la déambulation agréable, car, malgré la qualité des expositions, le lieu reste encore trop discret. Et donc jamais saturé. Pourtant, au-delà de sa programmation irréprochable, le BAL a tout pour attirer : un adorable petit café ensoleillé (le brunch du dimanche est à tomber) et une librairie incontournable. Car oui, avant même d’être un centre culturel, le BAL est aussi – et surtout – une maison d’édition qui fait du livre un véritable objet d’art.

Le BAL
6 Imp. de la Défense, 75018 Paris

La Fondation Louis Vuitton

À Paris, la Fondation Louis Vuitton fait débat. C’est vrai : trop chère, trop loin, pas toujours exemplaire sur le plan éthique. Mais qu’importe — qu’est-ce qu’elle est belle. Souvent, dans le métro pour aller voir l’une des nombreuses expositions proposées depuis 2014, je me demande pourquoi je m’inflige ce trajet de l’enfer. Et une fois le Bois de Boulogne franchi, face à l’écrin de verre signé Frank Gehry, je me souviens. Aussi impressionnante à l’extérieur qu’à l’intérieur, cette cathédrale culturelle de LVMH réunit les plus grands noms de l’art contemporain dans des expositions blockbusters, où les vastes galeries permettent aux artistes de déployer leur œuvre en formats XXL. Basquiat, Hockney, Cindy Sherman, Charlotte Perriand… Allez-y, pensez à un artiste : je mets ma main à couper qu’il est déjà passé par la FLV. Et à ceux qui opposent la Fondation Louis Vuitton à la Bourse de Commerce, je préfère ne rien entendre. Le seul avantage du musée de François Pinault sur celui de Bernard Arnault, c’est son accessibilité – et sa coupole. Autrement, désolée, mais dans le match des esthètes milliardaires de Paname, c’est Kering qui s’incline.

Fondation Louis Vuitton
Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock.com

La Fondation Louis Vuitton
8 Av. du Mahatma Gandhi, 75116 Paris

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