On avait des burgers de gourmets, des hot-dogs pour fines bouches, voire des fish & chips de princesses. Maintenant, il faudra aussi compter avec les kebabs de luxe. Voilà une pause déjeuner qui cale et vous évitera les ballonnements disgracieux de l’après-midi. Comme s’il se souciait vraiment de nos papilles et de nos artères, Grillé innove en proposant des kebabs quasi gastronomiques.
Superbe céramique bleue et blanche aux murs et décoration on-ne-peut-plus simpliste – un poil angoissante –, avec de simples néons au plafond. Le lieu, récemment ouvert à l'angle de la rue Sainte-Anne et de la rue Saint-Augustin, est l'œuvre de trois associés déjà bien rôdés : Marie Carcassonne, Hugo Desnoyer et Frédéric Peneau (Chateaubriand). Une adresse qui attire donc les foules. On fait la queue plus de 40 minutes pour récupérer son sésame, sans aucune garantie de pouvoir le manger assis. Avec trois tables seulement, c'est forcément les chaises musicales, et qui va à la chasse...
Mais peu importe, après cette interminable attente, nous voilà bien récompensés : ledit kebab est effectivement tout à fait savoureux. Du pain fait maison avec de la farine blanche d’épeautre bio, de la salade, des herbes fraîches (menthe et coriandre) et une viande sélectionnée, comme l’atteste le poinçon sur le comptoir, par monsieur Desnoyer (du veau de lait mariné dans une sauce romarin-soja-saké avant d'être embroché et doré sur la célèbre rôtisserie à la verticale). Excusez du peu. Pour les assaisonnements : sauce verte (pulpe de tomates vertes, d’oignons doux de Sicile et de piment vert) ou fameuse sauce blanche (fromage blanc fermier et raifort).
On aurait presque la conscience diététique tranquille. Pour arroser le tout, des jus de fruits originaux (orange sanguine ou cassis noir, par exemple). Et pour le prix ? 8,50 euros le kébab, 10 euros pour la formule avec les frites et environ 4 euros pour la boisson. Au vu des tarifs pratiqués en ce moment dans la sphère du fast-food de qualité, on s’attendait presque à pire, finalement. L’histoire ne dit pas si la mafia des kebabs parisiens prépare déjà une omerta, mais une chose est sûre : notre cardiologue, lui, est ravi.