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Guide du film d'amour : n°30 à 21

Les 50 meilleurs films romantiques

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Lettre d'une inconnue (1948)

de Max Ophüls, avec Joan Fontaine et Louis Jourdan

« Je n’ai que toi. Toi qui ne m’as jamais connue et que j’ai toujours aimé. » Voilà la teneur de cette ‘Lettre d’une inconnue’, que reçoit un pianiste coureur de jupons (interprété par Louis Jourdan), dans cette adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig par Max Ophüls – qui est aussi son deuxième long métrage américain. Lettre posthume, que son auteure (Joan Fontaine, dans ce qui reste sans doute son plus beau rôle) a rédigée avant de mourir. Car voilà : coup d’un soir pour le pianiste, sa voisine (l’inconnue du titre) en était follement amoureuse. Pour lui, sa vie tourna à la tragédie morbide, sans qu’il en sût jamais rien. Construit tout en flashbacks, ‘Lettre d’une inconnue’ est parcouru d’une nostalgie sourde, poignante, et d’une triste délicatesse. Comme si l’amour n’était jamais aussi beau que lorsqu’on le manquait. Surtout, la beauté des plans d’Ophüls, de ses mouvements de caméra, paraît d’une aisance et d’une fluidité telles qu’elle préfigure le style d’un Stanley Kubrick – qui reconnut d’ailleurs, en Max Ophüls, l’un de ses maîtres absolus. Même si, thématiquement, ‘Shining’ reste un peu moins romantique. – AP

Harold et Maude (1971)

d'Hal Ashby, avec Ruth Gordon et Bud Cort

Harold et Maude, l’ado nihiliste et l’octogénaire hippie, forment de loin le duo le plus excentrique de ce classement. Avec sa bande-son signée Cat Stevens, son discours anti-conformiste et sa collection de pattes d’eph’ marrons, le film de Hal Ashby est un pur produit des années 1970. Harold, 20 ans, est un jeune blasé dont les passe-temps favoris consistent à simuler son propre suicide et traîner dans des cimetières. Il prend goût à la vie lorsqu’il rencontre l'ultime cougar : Maude, une kleptomane et éternelle optimiste de 79 ans. L’amitié entre les deux énergumènes se transforme vite en amour – et oui, ils couchent ensemble… Autant vous dire que quarante ans après sa sortie, le film n’a rien perdu de son insolence. – AB

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Le Lauréat (1967)

de Mike Nichols, avec Anne Bancroft, Dustin Hoffman et Katharine Ross

Lors d’une soirée arrosée en son honneur, Benjamin (Dustin Hoffman, dont c’est ici le premier film), jeune diplômé, se fait ouvertement draguer par une amie de ses parents, Mrs. Robinson (Anne Bancroft – qui restera grâce à ce rôle l’une des figures tutélaires de la cougar au cinéma). Benjamin accepte de la raccompagner chez elle. Et il s’y laisse faire. Plus tard, rencontrant la fille de Mrs. Robinson, Elaine (Katharine Ross), Ben en tombe éperdument amoureux. Oscillant entre le drame et la comédie, moquant l’hypocrite pudibonderie des mœurs américaines, ‘Le Lauréat’ respire la légèreté et la jeunesse des années 1960. Ajoutez-y quelques scènes cultes – dont l’une des dernières, à l’église – et la musique de Simon and Garfunkel : vous obtiendrez une brillante comédie romantique aux faux airs de tragédie pré-hippie. – AP

Scènes de la vie conjugale (1973)

d'Ingmar Bergman, avec Liv Ullmann et Erland Josephson

Mini-série de six épisodes d’Ingmar Bergman, qu’il adapta en 1974 pour le cinéma, ‘Scènes de la vie conjugale’ commence presque comme une comédie romantique, nous présentant le couple heureux, épanoui, de Johan (Erland Josephson) et Marianne (Liv Ullmann) avec leurs deux filles. A ceci près que le reste du film – tout de même presque trois heures – ne sera qu’un chemin de croix pour ces parents modèles. Johan, prof de fac réputé, se casse avec une jeunette pour laquelle il se passionne, mais dont il s’ennuie bientôt. Entre-temps, Marianne a fait son deuil. Bref, leur relation se loupe sans cesse, écrasée par les fatalités des sentiments et du désir. L’écriture vise juste. Elle est acérée, mordante, cruelle, et les acteurs extrêmement émouvants, dans les maladresses et les hésitations de leurs personnages. Qui ne savent plus vivre ensemble, mais se révèlent incapables de se quitter. Et se retrouveront d'ailleurs trente ans plus tard dans ‘Sarabande’, l’ultime film de Bergman. – AP

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The Notebook (2004)

de Nick Cassavetes, avec Ryan Gosling et Rachel McAdams

Vous l’aurez remarqué, cette liste contient assez peu de plaisirs coupables. ‘The Notebook’ est l’exception qui confirme la règle. Parce qu’il est impossible de résister à la fougue d’un jeune Ryan Gosling, construisant une maison aux volets bleus et ramant sans relâche au milieu d’un lac de cygnes dans l’espoir que son amour de jeunesse (Rachel McAdams) revienne un jour. Oui, c’est cucul, mais l’alchimie entre les deux acteurs – qui finirent ensuite en couple dans la vraie vie – parvient à nous faire oublier toutes les absurdités du scénario. Et pour sa défense, ‘The Notebook’ est l’un des rares films romantiques pourvus d’un happy end dont l’histoire ne s’arrête pas juste après le mariage, mais bien des décennies plus tard, alors que notre couple est gros, malade et décrépit. – AB

La Balade sauvage (1973)

de Terrence Malick, avec Martin Sheen et Sissy Spacek

L’amour peut-il aussi être un enlèvement passionnel, un rapt consenti ? C’est du moins le cas dans ce premier film de Terrence Malick, qu’il réalise à 30 ans en 1973. Après avoir éliminé le père de la fille de 15 ans qu’il draguait (Sissy Spacek, avant ‘Carrie’), Kit Carruthers (Martin Sheen, avant ‘Apocalypse Now’), un jeune marginal, s’enfuit avec elle à travers les Etats-Unis, avant de se révéler comme un dangereux sociopathe. Inspiré de la cavale sanglante – et réelle – d’un fan de James Dean et de sa compagne, ‘La Balade sauvage’ reste l’un des films-totems d’une mythologie américaine qui va de ‘Bonnie and Clyde’ à ‘Sailor et Lula’ et ‘True Romance’, en passant par la pochette d’un disque de Sonic Youth (‘Goo’). Les grands espaces, l’amour d’une lolita, la route infinie, un coucher de soleil sur le désert et des armes à feu : autant qu’un film romantique, ‘Badlands’ (en VO), c’est un nouveau western. – AP

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Before Midnight (2013)

de Richard Linklater, avec Julie Delpy et Ethan Hawke

Le troisième volet des aventures de Céline et Jesse mérite une place à part : moins romantique, plus pragmatique que les précédents, il nous montre un couple qui s’essouffle, entre les kilos en trop, la calvitie naissante et les gosses à élever. Les longs plans-séquences (à travers les rues d’un village grec, cette fois) sont toujours là, et les dialogues, écrits à six mains par Richard Linklater, Ethan Hawke et Julie Delpy, sont plus incisifs que jamais. Nommé à l’Oscar du meilleur scénario en 2014, ‘Before Midnight’ s’impose ainsi comme le meilleur film de la trilogie, près de vingt ans après un premier opus un peu niais. Moins de grandes considérations philosophico-romantiques, plus d’engueulades : c’est ça, l’amour. – AB

Autant en emporte le vent (1939)

de Victor Fleming, avec Vivien Leigh et Clark Gable

C’est sûr, politiquement, entre ses héros sudistes, ses esclaves heureux (sic) et son héros machiste, ‘Autant en emporte le vent’ se situe à l’opposé du récent ‘12 Years a Slave’ de Steve McQueen. Et autant le dire tout de suite : en termes de précision historique, le film de Victor Fleming, malgré ses huit Oscars, est aussi crédible qu’une partouze au goulag. De toute façon, si l’on y jette encore un œil, ce ne sera évidemment pas pour louer son discours social, mais pour sa cruelle étude de mœurs – les personnages étant quand même d’assez belles ordures, au final – et pour son histoire d’amour intense, épique, de près de quatre heures (3h44, pour être précis), entre le fier et cynique Rhett Butler (ce vieux beau de Clark Gable) et la passionnée Scarlett O’Hara (l’éblouissante Vivian Leigh, révélée par ce film). Surtout, ‘Autant en emporte le vent’ réussit comme aucun autre film à exprimer les contretemps de l’amour : Rhett et Scarlett s’aiment alternativement, d’une passion folle, mais ne parviennent jamais à s’unir dans un même désir, au même moment. « Je t’aime… moi non plus. » Désolant comme le temps joue contre l’amour : ce n’est certes pas une nouvelle – ça n’en reste pas moins poignant. – AP

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Amour (2012)

de Michael Haneke avec Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva

Palme d'or en 2012, ‘Amour’ est un film poignant, dévastateur : huis clos sur un couple d’octogénaires, Georges et Anne (superbement interprétés par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva), face à la mort et au déclin physique. Mais surtout, c’est un film sur l’amour (bien vu), dans ce qu’il a de moins niais, de plus viscéral ; la question étant, au fond : peut-il tenir à hauteur de la mort ? Et contre toute attente, Haneke répond par l’affirmative. La profonde simplicité de son motif, alliée à sa réalisation chirurgicale – à coups de puissants plans fixes et d’une utilisation virtuose du hors-champ – fait de ce film un choc autant esthétique qu’émotif. Car ‘Amour’ a beau ne fermer les yeux sur rien, il n’est jamais pervers, malsain ou complaisant. Au contraire, tout se joue dans des détails bouleversants, et la temporalité du film, pudique, est maîtrisée à la perfection. Pas le moindre mouvement superflu, ni le plus petit dialogue de travers. Un film quintessentiel, d’une dignité à couper le souffle, après lequel on ne pourra plus dire que Michael Haneke est un cinéaste froid. – AP

de François Truffaut, avec Jeanne Moreau, Oskar Werner et Henri Serre

Des triangles amoureux, il y en a eu, mais peu sont parvenus à égaler celui de ‘Jules et Jim’ (et Catherine). Les textes magnifiques d’Henri-Pierre Roché, lus par Truffaut en voix-off, la musique de Georges Delerue, l’interprétation du "Tourbillon" par Jeanne Moreau… Tout dans cette œuvre emblématique de la Nouvelle Vague est désormais devenu culte, et à juste titre. Même si sa morale n’est pas vraiment optimiste – la révolution sexuelle dont Catherine rêve tant s’avère finalement irréalisable –, ‘Jules et Jim’ reste, avec ‘Harold et Maude’, l’un des seuls films romantiques dont le schéma amoureux peut paraître aussi irrévérencieux aujourd’hui qu’il le fut lors de sa sortie. – AB

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