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Les 61 meilleurs films d'horreur de l'histoire du cinéma

Envie d'avoir les chocottes ? Découvrez notre classement très subjectif des films les plus terrifiants de tous les temps.

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Si plus rien ne vous fait peur, c’est que vous n’avez pas tout vu. Pour vous, on a fouillé dans tous les coins sombres et derrière chacune des portes condamnées que compte le cinéma d’épouvante. Depuis, on ne dort plus beaucoup la nuit. Mais on est revenu de l’Enfer avec le paradis des amateurs de films d’horreur : une collection extra-large et particulièrement inquiétante des 61 plus grandes œuvres du genre.

Souvent snobés par la critique et les grandes cérémonies (moins de dix ont été nommés aux Oscars dans la catégorie du meilleur film), les films d’horreur ont pourtant souvent redoublé d’inventivité technique et scénographique (pensez au décor de Suspiria), vu briller d’incroyables acteurs – de Jack Nicholson à Isabelle Adjani –, et surtout fait frémir des millions de spectateurs. Si vous êtes prêts à trembler à votre tour, on vous invite à commencer sans trop tarder (va faire tout noir !). Sinon, on vous conseille de vous diriger vers notre sélection des meilleurs films d’amour, ou des meilleurs films français… Mais rien ne vous fait peur, non ?

Classement : les meilleurs films d'horreur de l'histoire

L'Exorciste (1973)
L'Exorciste

1. L'Exorciste (1973)

de William Friedkin, avec Ellen Burstyn, Linda Blair, Jason Miller et Max von Sydow

Si L’Exorciste est arrivé en tête de ce classement des films d'horreur, ce n’est pas uniquement parce qu’il est le plus culte, doté de répliques inoubliables (« Ta mère suce des bites en enfer, Karras »). Nul besoin en effet de rappeler ce que sont les scènes de l’exorcisme, de l’araignée sur le dos, ou, bien sûr, celle du crucifix : elles font désormais partie de la mémoire collective, au-delà du cercle restreint des passionnés du genre. Ce n’est pas non plus parce qu’il est l'un des films d’épouvante les plus rentables – plus de 402 millions de recettes –, ni le plus primé – deux Oscars (meilleur son et meilleur scénario adapté), sans oublier six nominations.

Mais c’est avant tout parce que le film de William Friedkin est un bijou d'horreur cinématographique qui réconcilie les différentes branches du genre, alliant la beauté visuelle d’un Suspiria à la monstruosité très concrète de La Nuit des morts-vivants. Et quoi de plus terrifiant que la vue d’une enfant innocente ainsi pervertie, crachant des obscénités avec la conviction d’un taulard, se tordant dans tous les sens – y compris un 360° cervical des plus dérangeants –, tout en projetant des litres de vomi sur quiconque ose l’approcher ?

Privilégiant des acteurs inconnus (hormis Ellen Burstyn) à des célébrités, passant des souks d’Irak aux rues tranquilles de Washington, mêlant drames personnels et violence graphique, William Friedkin parvint à créer un film unique, à la fois brutal et artistique. S’il s’inscrit parfaitement dans la lignée de thrillers sataniques comme Rosemary’s Baby ou La Malédiction, L’Exorciste sent le soufre, la putréfaction, la pisse et le sang comme aucun autre.

Un film si moralement et religieusement incorrect que la jeune actrice Linda Blair reçut des menaces de mort, et fut obligée de vivre sous protection policière pendant plusieurs mois. Le fait qu’aujourd’hui encore il parvienne à provoquer la même stupeur viscérale qu’en 1973 atteste de la puissante vision esthétique de Friedkin. Et justifie assez clairement sa position au sommet de ce classement.

Shining (1980)

2. Shining (1980)

de Stanley Kubrick, avec Jack Nicholson, Shelley Duvall et Danny Lloyd

Shining, c'est l'histoire d'un pétage de plomb. Celui de Jack Torrance (un Jack Nicholson félin), quadragénaire écrivain à ses heures, qui vient d’accepter de remplacer pendant l’hiver le gardien de L’Overlook Hotel, labyrinthique palace isolé dans les montagnes du Colorado. Avec lui, sa femme, Wendy (Shelley Duvall) et leur jeune fils, Danny (Danny Lloyd). Peu à peu, le passé sanglant de l'hôtel paraît prendre possession de l'esprit de Jack ; bientôt, la neige coupe les voies de communication. Et quelques bons coups de hache dans la porte des chiottes plus tard…

Inutile de s'appesantir davantage sur le synopsis, tiré de l'ultra-fameux roman de Stephen King : ce Shining est avant tout une histoire d'atmosphère. Une énorme partie du livre se trouve d’ailleurs évacuée par le réalisateur, en particulier les passages, nombreux, ayant trait à l’histoire mafieuse de l'hôtel. Non. En fait, la grande force des adaptations d'œuvres littéraires par Stanley Kubrick (presque tous ses films en sont), c'est de savoir se saisir de quelques scènes, d'une poignée d'éléments-clés du bouquin d’origine pour les amplifier, leur donner la puissance et la densité de symboles, de projections mentales, avec des moyens purement cinématographiques.

Maniaque de la symétrie et des jeux d’espace dans la composition des plans, il fait ici alterner une mise en scène froide, impérieuse (les lents travellings sur les salles de l’Overlook) et un dynamisme sinueux, agressif et véloce – ainsi, lorsque sa caméra suit comme une proie l'enfant en tricycle dans les couloirs. Huis clos oppressant dans un environnement gigantesque, Shining slalome entre le surnaturel (option maison hantée) et le réalisme (ce type est juste fou), et en profite pour jouer à merveille sur la barbarie hilare de Jack Nicholson, qui trouve sans doute là l’un des personnages les plus jouissifs de sa carrière.

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  • Cinéma
  • Epouvante-horreur

de Tobe Hooper, avec Edwin Neal et Allen Danziger

Il y a les films d’horreur qui jouent sur le mystère, la subtilité, la tension psychologique. Et puis, il y a Massacre à La Tronçonneuse. Le film de Tobe Hooper, réalisé avec un budget microscopique, et symbole du do it yourself du cinéma d’horreur, fait preuve d’un style tellement frontal qu’il fut très longtemps censuré dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni, où il fallut attendre 1999 pour qu’il soit projeté sur grand écran. Comme son titre l'indique, Massacre à La Tronçonneuse ne laisse aucune place à l’imagination, installant au contraire une terreur des plus pures, amplifiée par l’absence totale de musique - à l’exception de quelques menaçantes timbales.

Revenant d’un road trip au fin fond du Texas, cinq jeunes innoncents - dont une blonde et son frère en fauteuil roulant - tombent en panne d’essence, et se retrouvent coincés dans un village de rednecks aux déficiences mentales et dentaires plutôt critiques. Mais leur plus grande menace est peut-être Leatherface, un immense boucher qui porte la peau de ses victimes en guise de masque. En accord avec le style radicalement direct du film, aucun mystère n’entoure l’identité de ce monstrueux tueur, qui nous apparaît complètement - et en plein soleil - dès son premier meurtre. Pourtant, s’il achève brutalement ses proies à coups de marteau ou de tronçonneuse, “Face de Cuir” s’avère au final être le plus sympathique des personnages, pleurnichant d’un air coupable après avoir découpé et congelé ses deux premières victimes.

Le plus effrayant n’est donc pas tant cet étrange serial-killer que le reste de sa famille, bouseux vicieux et attardés qui fabriquent des lampes avec les têtes de leurs victimes (plutôt original, ceci dit). Ainsi, un peu à la manière d'un Elephant Man, Leatherface parviendrait presque à nous émouvoir, y compris à la fin du film, lors de sa danse macabre en plein milieu de la route, baigné par la lumière orangée du crépuscule. À la fois grotesque, lyrique et audacieux.

Psychose (1960)
Psychose

4. Psychose (1960)

d'Alfred Hitchcock, avec Anthony Perkins et Janet Leigh

Dépassant tous les genres, les cadres, les catégories, Psychose est l'un des plus grands coups de maître d'Hitchcock, et une référence absolue dans l'histoire du cinéma. Le film commence sur le mode policier, où l'on suit Marion Crane (Janet Leigh), une secrétaire criminelle qui tente de s'enfuir avec le fric de ses patrons (en même temps, on la comprend).

Autrement dit, la paranoïa et la culpabilité de la jeune femme sont au centre de la première partie du film. Jusqu'au moment où elle fait halte dans une pension, tenue par un type assez chelou, personnage dès lors devenu mythique dans la culture populaire : Norman Bates (Anthony Perkins), le summum du serial-killer œdipien.

Sa grande modernité, le film la partage avec L’Avventura d’Antonioni, sorti la même année : elle se joue au niveau d'une narration rompue, brisée, qui laisse le spectateur pantois et désorienté. Puisqu'en effet, Psychose change de personnage principal en cours de route, abandonnant le cadavre de Janet Leigh au carrelage d'une salle de bains, pour s'attacher à scruter la folie meurtrière de Bates.

Il y aurait beaucoup à dire sur l'interprétation impressionnante de Perkins, sur le sentiment de malaise distillé par Hitchcock dans un simple champ-contrechamp, et, bien sûr, sur la mythique scène de la douche, certainement l'une des séquences les plus célèbres du cinéma mondial, mélange d'érotisme voyeur (tout à fait hitchcockien, donc) et de violence esthétisée. A elle seule, le scène prit quasiment un tiers du temps de tournage.

Aujourd'hui, les hommages et références à Psychose – à commencer par le Halloween de John Carpenter – ne se comptent plus. Adorateur du film, Gus Van Sant en a même fait un remake tout à fait dispensable. Et pourtant, Psychose continue de donner l’impression de pouvoir être redécouvert, ou au moins resavouré, à chaque visionnage. Bref, un film qui tue.

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Alien (1979)
Photo: Courtesy of Twentieth Century Fox

5. Alien (1979)

de Ridley Scott, avec Tom Skerritt et Sigourney Weaver

Ceux qui, à sa sortie, ont reproché à Alien son apparent manque d’action n’avaient précisément rien compris à son génie. Dès le générique, qui déroule lentement mais inexorablement des barres obliques pour former le mot “Alien”, on perçoit déjà la menace indicible qui pèse sur le Nostromo. Et c’est justement parce que ces premières quarante-cinq minutes du film – que certains trouvèrent donc soporifiques – s’attardent sur les tâches quotidiennes de l’équipage du vaisseau spatial, qu’une angoisse pérenne s’installe.

Et, lorsque la tension éclate enfin, le rythme du film tourne à la crise d’épilepsie sous cocaïne. L’argument d’Alien est simplissime mais implacable : une bête très grosse, très méchante, et surtout très visqueuse se retrouve à bord d’une navette : techniquement, il n’y a donc non seulement personne pour vous entendre crier, mais aucun moyen de vous échapper non plus.

La meilleure scène du film reste sans doute celle où un monstre répugnant s’éjecte violemment de l’estomac du capitaine du vaisseau, invoquant à la fois l’imagerie du viol et de l’accouchement. Car Alien, avec force symboles phalliques et métaphores sur l’enfantement, est aussi une puissante critique féministe, incarnée à l'écran par Sigourney Weaver, figure de proue des héroïnes badass au cinéma.

Lors du tournage de cette première scène d’action, bouclée en une seule prise, les acteurs ne savaient d'ailleurs pas à quoi s’attendre, et leur stupeur écœurée dut être à peu près la même que celle du spectateur. Ajoutez à ces accès de violence une ambiance moite et claustrophobe, des éléments visuels futuristes et quasi-visionnaires, et vous obtenez simplement l’un des meilleurs films de science-fiction jamais réalisés.

The Thing (1982)
© Universal

6. The Thing (1982)

de John Carpenter, avec Kurt Russell et Wilford Brimley

Parmi le cortège de possibilités alléchantes qu’un voyage dans le temps pourrait offrir, on se dit qu'on en profiterait bien pour aller dire au John Carpenter de 1982 qu'un jour, son nouveau film serait reconnu comme l’un des plus grands films d'horreur. Car comme nombre de classiques du genre, The Thing fut d'abord boudé, vilipendé, critiqué comme un vague clone d’Alien, simplement occupé à repousser les limites des effets spéciaux.

En deux mots, la réception du film fut un flop catastrophique, menaçant même la réputation de Carpenter, pourtant reconnu à l'époque comme le maître incontesté de l'épouvante. Mais avec le recul, cette angoissante histoire de mal intérieur et de créature métamorphe, d'équipe de chercheurs perdus dans l'environnement inhumain de l'Antarctique, en est arrivée à poser quelques-uns des jalons essentiels du cinéma fantastique et d'angoisse contemporain.

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Rosemary's Baby (1968)

7. Rosemary's Baby (1968)

de Roman Polanski, avec Mia Farrow, John Cassavetes et Ruth Gordon

Un déménagement, ce n’est jamais facile. Mais quand en plus les voisins d’en face sont un couple de satanistes octogénaires bien décidés à vous faire porter l’enfant du diable, c’est encore moins marrant. Ambiance claustrophobe, onirisme menaçant et paranoïa latente caractérisent cette première réalisation hollywoodienne de Roman Polanski, adaptation du roman d’Ira Levin paru un an plus tôt.

Après Répulsion et avant Le Locataire, le film s’inscrit dans une trilogie sur l’horreur quotidienne de la vie en appartement : ainsi, dans la prison dorée des Woodhouse, le tic-tac de l’horloge se fait de plus en plus oppressant, tandis que les murs, immaculés, paraissent de plus en plus étroits. Le ton, d'une angoisse sournoise, est donné dès les premières secondes du générique, lorsque la voix de Mia Farrow retentit, fredonnant un air mi-innocent, mi-inquiétant – le désormais célèbre “Lullaby”.

Car si l’horreur se manifeste à plusieurs reprises – notamment lorsque Rosemary se fait violer par le diable en personne –, les scènes les plus glaçantes sont en fait les plus ordinaires : lorsqu’on assiste à la désintégration progressive du couple formé par Mia Farrow et John Cassavetes, alors que la grossesse de Rosemary, elle, progresse comme une véritable bombe à retardement.

Réalisé en 1968, le film de Polanski est resté dans les mémoires pour sa capacité à brouiller la frontière entre fantastique et psychologique, mais aussi pour avoir ouvert la voie au genre des thrillers sataniques, suivi par La Malédiction ou L’Exorciste.

Halloween : La Nuit des masques (1978)

de John Carpenter, avec Donald Pleasence et Jamie Lee Curtis

Si la série des 'Halloween' a bien vu défiler une ribambelle d'épisodes parfois médiocres, cette ‘Nuit des masques’ inaugurale reste une œuvre incontournable du cinéma d'horreur fin-1970, et une véritable leçon d’angoisse. Dès sa séquence d'ouverture, hommage appuyé au 'Psychose' d'Hitchcock, John Carpenter (dont ce n'est que le troisième long métrage) se révèle un réalisateur impeccable et extrêmement inventif.

Par exemple, lorsqu’il choisit de filmer son premier meurtre en caméra subjective, plaçant le regard du spectateur à la place même de celui de l'assassin. Ce dernier, Michael Myers, se révèle ensuite n'être qu'un enfant de 6 ans… qui vient de trucider sa sœur à grands coups de couteau de cuisine le soir d’Halloween, sur fond de musique stressante et de cordes suraiguës (ça vous rappelle quelque chose ?). D’une certaine manière, Myers nous apparaît d’emblée comme un Norman Bates extrêmement précoce, une sorte de Mozart du serial-killing...

Quinze ans plus tard, à la veille d'Halloween – oui, oui, c’est gros comme un camion – Myers parvient à s'échapper de l'établissement psychiatrique où il était interné depuis, mutique. Autant dire, on s’attend à une belle surprise party… Sauf que la grande classe du film est de ne presque rien montrer, de simplement suggérer la présence de Myers : lorsque son pick-up rôde, ou lorsque revient le thème angoissant de la bande originale du film, composée par Carpenter lui-même (un piano répétitif et des violons synthétiques).

Déjà, le futur réalisateur de ‘The Thing’ brille par son tempérament novateur : il est ici l'un des premiers à avoir recours à la stabilisation d'un steadicam, créant des mouvements de caméra d’une fluidité impressionante, alors inédite – que Kubrick systématisera, deux ans plus tard, dans les couloirs de l’Overlook Hotel de ‘Shining’. Bref, une référence incontournable. Et toujours habilement stressante.

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Suspiria (1976)

de Dario Argento, avec Jessica Harper, Stefania Casini et Flavio Bucci

Avec ses meurtres au graphisme léché, sa bande-son prog-rock signée Goblin et ses décors délirants faits de couloirs interminables et de couleurs acidulées, Suspiria ne ressemble à aucun autre film. Le sixième long métrage d’Argento, considéré comme son véritable passage du giallo à un cinéma d’horreur surréaliste, se déroule comme une hallucination multi-sensorielle longue d’une heure trente, un délire onirique fiévreux dont on ressort vaguement déboussolé. 

Abandonnant toute tentative de logique narrative, Argento mise ici tout sur le style, et pour cause, on a rarement vu production aussi visuellement saisissante. Suspiria fut en effet le dernier film de l’histoire à utiliser une caméra Technicolor, procédé alors déjà obsolète depuis une vingtaine d’années, qui donne aux couleurs cet aspect singulièrement artificiel.

Le film suit les déboires d’une jeune étudiante fraîchement débarquée dans une mystérieuse école de danse, et débute par une folle course en voiture, suivie par un double-meurtre tout bonnement époustouflant – surveillez bien les mains du tueur : ce sont celles du réalisateur. Evoquant tour à tour Kubrick et Hitchcock, le chef-d’œuvre d’Argento en influença ensuite de nombreux autres, de John Carpenter jusqu’au Black Swan d’Aronofsky, sorti en 2010.

Si Suspiria est donc immanquable, c’est avant tout parce qu’il est, au-delà d’une œuvre cinématographique, une véritable expérience sensorielle. Une transe angoissante et implacable que même l’héroïne semble subir, sirotant tout au long du film un vin rouge dangereusement capiteux.

Zombie (1978)

de George A. Romero, avec Ken Foree, Gaylen Ross et David Emge

Alors qu'il est reconnu comme l'une des plus célèbres usines à zombies du cinéma mondial (bien qu'en perte de vitesse), il est étonnant de se souvenir que, dans un premier temps, George Romero se disait dubitatif quant à l'idée de donner une suite à sa Nuit des morts-vivants de 1969. Mais après que son projet le plus personnel, Martin (1977), se soit pris une tôle au box-office, le réalisateur empoigna le zombie par les cornes et en profita pour donner un sérieux coup de fouet à sa carrière !

Ainsi, bien que La Nuit des morts-vivants ait déjà pu être un véritable pavé dans la mare de l'horreur, c'est avec ce Zombie late-seventies qu'il entra de plain-pied dans la mémoire collective : son long métrage le plus sauvage, le plus délirant, et qui redéfinit l'horreur en tant que genre filmique socialement conscient, et politiquement malin. Il suffit de voir ses morts-vivants arpenter comme leur territoire le parking d'un centre commercial, pour comprendre à quel point l'ironie peut constituer l'un des aspects les plus jouissifs du cinéma d'épouvante.

Remarquons qu'on ne compte plus, depuis, les variations sur les zombies ; la série Walking Dead' montrant d'ailleurs l'intacte vitalité de ces cadavres chancelants. La raison en est simple : contrairement à Dracula et, par extension, aux vampires (sous la surveillance méticuleuse des ayants droit de Bram Stoker et consorts), les zombies de Romero restent insoumis au droit d'auteur. Ce qui fait, sans doute, de Zombie (Dawn of the Dead en VO) un film doublement populaire. Drôle, excessif et sarcastique.

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Les Dents de la mer (1975)

de Steven Spielberg, avec Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss

'Les Dents de la mer' a beau être devenu l'archétype du blockbuster estival, autant que la matrice de tous les 'Piranha 3D' sortis depuis (le film d'Alexandre Aja étant d'ailleurs également une réussite, dont on s'est laissé dire que Jean-Luc Godard lui-même était fan), le long métrage de Steven Spielberg n'est pas non plus sans rappeler les grandes fresques marines d'un Conrad ou d'un Melville... Sauf qu'il fait de son Moby Dick un requin d'une intelligence redoutable, perverse et sanguinaire, qui terrorise (et dévore goulûment) les joyeux touristes d'une petite station balnéaire.

On connaît l'histoire ; bientôt, Roy Scheider, Richard Dreyfuss et Robert Shaw partent à l'assaut du thalassoraptor... Evidemment, depuis 1975, Spielberg a souvent succombé à la guimauve, au tape-à-l'œil facile, voire à des détournements honteux de ses propres œuvres (l'impardonnable 'Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal') et, du coup, paraît souvent un tantinet surestimé. Pourtant, il serait regrettable d'oublier l'immense maîtrise du suspense dont ses premiers films témoignent.

Reprenant ici le thème général (et assez kafkaïen) d'un harcèlement absurde et meurtrier (déjà à l'œuvre dans 'Duel', en 1971, dans lequel un automobiliste se retrouvait pourchassé pendant deux heures par un semi-remorque sans qu'il parvienne jamais à comprendre pourquoi), Spielberg orchestre une tension dramatique mémorable, montée en puissance qui convoque par moments une maestria toute hitchcockienne. A l'époque, le futur réalisateur de 'Rencontres du troisième type' n'a que 29 ans – c'est ce qu'on appelle un génie précoce...

Ne vous retournez pas (1973)

de Nicolas Roeg, avec Donald Sutherland et Julie Christie

Dans le peloton de tête de notre classement figure donc 'Ne vous retournez pas', délire onirique et hallucinatoire mis en scène par Nicolas Roeg en 1973, d'après la nouvelle éponyme de la romancière britannique Daphné du Maurier. Le film suit l'histoire d'un couple, joué par Julie Christie et Donald Sutherland qui, suite à la mort accidentelle de leur fille par noyade dans un lac en Angleterre, profite d'une opportunité professionnelle pour s'enfuir dans la mystérieuse ville de Venise.

Beaucoup de choses peuvent être à l'origine de son succès... Le film parvient à la fois à remplir tous les critères du genre fantastique et à combler les adeptes du cinéma d'art et d'essai. Il utilise le cadrage, le son, le montage et le mouvement de la caméra pour construire un conte fascinant autour de personnages terriblement réalistes. Il ose attirer par la ruse les fantômes tapis dans les innombrables canaux de Venise, et donne probablement à voir l'une des plus belles scènes d'amour jamais filmées...

Ou alors, disons simplement qu'il s'agit d'un film magnifique, dont la moindre image regorge de sens, d'émotion et de mystère, et qui reste le couronnement d'un des plus grands iconoclastes et maîtres du cinéma britannique.

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La Nuit des morts-vivants (1968)

de George A. Romero, avec Duane Jones, Judith O'Dea, Marilyn Eastman

C’est ici que commença le cinéma d’horreur des temps modernes. Tourné en 1968, le film culte à petit budget de Romero ouvrit en effet la piste à tous les autres, y compris Wes Craven ('La Dernière Maison sur la gauche'), David Cronenberg ('Frissons'), Tobe Hopper ('Massacre à la tronçonneuse') ou encore Sam Raimi ('Evil Dead'). L’histoire est classique : isolé dans un coin reculé de campagne, un groupe de personnes se retrouve assailli par des mangeurs de cerveaux toujours plus nombreux.

Mais caractérisé par une approche radicalement subversive, un nihilisme social viscéral et un militantisme anti-Vietnam enragé, ce film de zombie révolutionnaire piétine allègrement toutes les règles, tabous et conventions préalablement établis : l’acteur principal, afro-américain, finit abattu par la police (celle-ci l’ayant pris pour un zombie) lors du générique de fin. Ainsi, si Romero réalisa par la suite d’autres films de zombies (‘Dawn of the Dead’, ‘Day of the Dead’, ‘Land of the Dead’), aucun d’entre eux ne parvint à égaler celui-ci.

Les Innocents (1961)

de Jack Clayton, avec Deborah Kerr, Michael Redgrave, Pamela Franklin

Adapté du roman de Henry James 'Le Tour d'écrou' (1898), 'Les Innocents' est ici coiffé au poteau par 'Ne vous retournez pas' de Nicolas Roeg (n°12), comme meilleur film d'horreur britannique de notre liste. De l'œuvre de Jack Clayton, Martin Scorsese dira pourtant combien elle fut « conçue et interprétée avec délicatesse, impeccablement tournée… et terriblement effrayante ». Deborah Kerr y incarne Miss Giddens, la nouvelle gouvernante de deux orphelins : la nièce et le neveu du riche et puissant Michael Redgrave, auxquels on donnerait le bon Dieu sans confession.

Pourtant, lorsque le garçon se voit renvoyé de l'école pour sa mauvaise influence sur ses camarades, Miss Giddens se persuade que les gamins ont été possédés par les esprits d'un couple d'amants défunts – leur précédente gouvernante et un ancien valet. Le sont-ils réellement ? Ou s'agit-il seulement des fantasmes délirants d'une célibataire frigide ? Jusqu'au bout, le film joue à merveille sur cette ambiguïté. Il n'est guère surprenant que François Truffaut ait donc qualifié ces 'Innocents' de « meilleur film britannique » après le départ d'Hitchcock en Amérique.

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de Brian De Palma, avec Sissy Spacek, Piper Laurie et Amy Irving

Jonglant de manière virtuose entre rêverie adolescente et séquences de pure horreur, ‘Carrie’ fait partie de ces chefs-d’œuvre cinématographiques qui dépassent amplement les limites d’un seul genre. Brian De Palma réalisa cette adaptation deux ans seulement après la parution du premier roman de Stephen King, pour en faire un classique instantané, sublimé par la musique de Pino Donaggio et, bien sûr, l’interprétation magistrale de Sissy Spacek.

Difficile en effet d’imaginer qu’au début, De Palma ne voulait pas de la jeune actrice, cheveux de feu et regard corrosif, inégalable dans le rôle de l’adolescente martyrisée par ses camarades de classe comme par sa fanatique religieuse de mère. Passant en une fraction de seconde du statut de petite chose fragile à celui de vengeresse implacable, Spacek livre ici la performance de sa carrière, recouverte de faux sang de porc – en réalité, un mélange de sirop de maïs et de colorants –, inspirant des déguisements d’Halloween pour plusieurs générations. Et l’on a beau connaître la scène du bal par cœur, jusqu’à la dernière seconde, on continue de prier, en vain, pour que ce satané seau ne tombe...

Mister Babadook (2014)

Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, l’actrice Jennifer Kent réussit un joli coup double : livrer un film d’horreur convaincant, bien fichu, avec un louable souci de l’artisanat – et le refus d’effets numériques tape-à-l’œil. Et en même temps, son film traite de la condition féminine contemporaine sur des plans assez divers, bien mieux qu’un bon paquet de traités féministes.

Le synopsis, pourtant, paraît classique. A vue de nez, Amelia (Essie Davis) a une petite quarantaine d’années. Depuis la mort brutale de son mari, elle vit avec son fils unique, Samuel (Noah Wiseman). Or, celui-ci manifeste de plus en plus de troubles du comportement, jusqu’à ce qu’une sévère inquiétude gagne tout son entourage : école, famille, camarades… Il faut dire qu’au même moment, Amelia et Samuel se trouvent harcelés par un livre pour enfants assez terrifiant, ‘Mister Babadook’.

Occupant la même fonction, angoissante et fantastique, que la mystérieuse cassette vidéo du début de ‘Lost Highway’ de David Lynch (ou dans ‘Caché’ de Haneke, qui en reprend l’idée), le livre d’images sert ici de support au démon, de puits à l’angoisse, d’objet maudit. Mais il relève finalement de ce qu’Hitchcock qualifiait de « MacGuffin » : un simple prétexte pour parler d’autre chose. Avec Hitchcock, il s’agit généralement de fétichisme. Chez Jennifer Kent, il est plutôt question d’humiliation au travail, de deuil, ou de frustration sexuelle chez les mères de famille cantonnées à leur maternité, leurs rôles de maîtresses de maison, d’éducatrices.

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de John Landis, avec David Naughton, Jenny Agutter et Griffin Dunne

Ce qui paraît le plus brillant, dans ce thriller lycanthrope de John Landis, c'est la fabuleuse manière dont il bascule en un clin d'œil de la comédie burlesque à la terreur macabre, et vice versa. On y retrouve le génie du maquillage Rick Baker, quelques-uns des monstres les plus choquants et inventifs du cinéma d'horreur (ah, ces zombies nazis...), et une sélection d'enfer de classiques FM – sans même parler de Jenny Agutter en tenue d'infirmière...

Autant dire, pas vraiment étonnant que le film se place si haut dans notre classement. A sa suite, le cinéma d'horreur parodique deviendra un genre prolifique, dont Landis – déjà réalisateur de comédies comme 'Hamburger Film Sandwich' et 'The Blues Brothers' – restera avec ce long métrage l'une des références essentielles. Et nul doute, en effet, qu'il s'agit là du sommet de sa carrière.

La Maison du diable (1963)

de Robert Wise, avec Julie Harris, Claire Bloom et Richard Johnson

Ce long métrage de 1963 est sans doute la quintessence même du film de maison hantée ; voire, Martin Scorsese déclara qu'il s'agissait pour lui du plus effrayant jamais réalisé. Le Dr Markway (Richard Johnson), anthropologue, enquête sur des activités paranormales autour d'une pierre tombale, près d'un édifice gothique de la Nouvelle-Angleterre. Jadis, l'épouse du premier propriétaire des lieux mourut en y pénétrant. On devine la suite.

Plus tard, le docteur découvre donc la maison, accompagné de deux jeunes femmes à tendance psychotique : la sympathique Theo (qui possède l'une des plus belles garde-robes jamais vue, conçue par la couturière Mary Quant), et l'angoissée Nell, qui se retrouve vite l'attraction principale des fantômes de la demeure. Le réalisateur britannique Robert Weiss réussit ici un chef-d'œuvre de suggestion : nous n'apercevons pas le moindre fantôme, mais sa diabolique caméra parvient à faire d'une sculpture, sur une porte en bois, un spectacle plus effrayant que n'importe quel type de maquillage ou d'effet spécial.

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Audition (1999)

de Takashi Miike, avec Ryo Ishibashi, Eihi Shiina et Jun Kunimura

Le meilleur film d’horreur japonais des temps modernes, vous diront certains. Un producteur de cinéma veuf décide, sur les conseils de son fils et de son meilleur ami, de chercher une nouvelle femme. Afin de trouver la compagne idéale, il organise un faux casting, tombant rapidement sous le charme de la douce et mystérieuse Asami. Le seul problème, c’est que la délicate jeune fille fut en réalité violée et torturée lorsqu’elle était enfant, et semble éprouver quelques difficultés à faire confiance aux hommes.

Après une première moitié penchant plutôt du côté du drame sentimental, ‘Audition’ adopte dans ses dernières séquences une narration schizophrène, déployant une tension sournoise et inexorable. Jusqu’à la scène finale, où l’on assiste à une séance de torture-acupuncture particulièrement crispante, pimentée par l’utilisation d’un fil à scier spécial moignons. Comme quoi finalement, être célibataire, ce n’est pas si mal.

Evil Dead 2 (1987)

de Sam Raimi, avec Bruce Campbell et Sarah Berry

Rares sont les suites de film capables d’égaler leur prédécesseur. Or, dans le cas d’'Evil Dead 2’, beaucoup de gens ignorent même l’existence du premier opus tant celui-ci le surpasse. Loin d’être une suite, le deuxième 'Evil Dead' de Sam Raimi est une version améliorée, beaucoup plus efficace, de celui de 1981 : en moins de dix minutes, les personnages principaux sont soit morts, soit possédés, soit les deux.

Le premier long métrage de Raimi offrait déjà son lot de blagues, mais son objectif principal restait malgré tout de choquer les spectateurs – faut-il rappeler la scène du viol dans les bois ? Ici, on sent au contraire l’influence des carrières de Raimi et Campbell, qui alternaient alors entre courts métrages d’horreur et films à sketches. Le résultat est un mélange désopilant de flots d’hémoglobine et de comédie – qui réussit aussi bien sur chacun des deux tableaux.

Alors qu’yeux et moignons volent dans tous les sens, le gag le plus mémorable reste sans doute celui où Campbell, partiellement possédé, se livre à une séance de slapstick hallucinante, attaqué par sa propre main. Sans oublier la scène où notre héros cherche désespérement à se débarrasser de la tête de sa défunte petite amie, péniblement accrochée à son poignet – redonnant alors tout son sens à l'adjectif « têtu ».

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La Malédiction (1976)

de Richard Donner, avec Gregory Peck et Lee Remick

L’avantage des films sur Satan et sa progéniture, c’est qu’on peut s’y permettre à peu près n'importe quoi. 'La Malédiction' (‘The Omen’) ne déroge pas à la règle, avec, entre autres, une nounou glaçante accompagné d’un rottweiler maléfique, un prêtre empalé par le paratonnerre d’une église, tout un tas de babouins au comportement étrange, et surtout, une scène de décapitation absolument culte, filmée sous plusieurs angles et au ralenti. 

Freaks, la monstrueuse parade (1932)

de Tod Browning, avec Olga Baclanova et Harry Earles

Est-ce vraiment un film d'horreur ? Ou plutôt un conte humaniste et touchant, d'amour et de trahison ? Le réalisateur Tod Browning lui-même quitta l'école dans sa jeunesse pour travailler dans un cirque. Avec 'Freaks', il met en scène une troupe de « bêtes de foire » (qui se révèlent également de remarquables acteurs), pour raconter l'histoire d'une jolie trapéziste, Cleo (Olga Baclanova), qui accepte de se marier au nain Hans (Harry Earles) pour sa fortune, avant de l'empoisonner. 

Le reste du temps, Browning suit la vie itinérante de ces étranges forains avec beaucoup de sympathie et d'humour – par exemple à travers l'histoire de ce type qui épouse une fille dont il ne peut supporter la sœur siamoise... Pourtant, ce qui fait de 'Freaks' un authentique film d'horreur, c'est sa fin dérangeante et macabre, lorsque les « monstres » chassent Cleo et son amant à travers la forêt – bien qu'évidemment, l'horreur la plus violente réside dans la cruauté médiocre des prétendus « gens normaux ». D''Ombres et Brouillard' de Woody Allen à 'Elephant Man' de David Lynch, on ne compte d'ailleurs plus les clins d'œil du cinéma à la parade fondatrice, émouvante, grotesque et sublime de Tod Browning.

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Nosferatu (1922)

de F.W. Murnau, avec Max Schreck et Greta Schröder

Avant Edward Cullen, Spike et Bill Compton, il y avait Nosferatu – certainement moins scintillant, mais beaucoup plus terrifiant. Librement adapté du ‘Dracula’ de Bram Stoker, ‘Nosferatu’ n’était peut-être pas le tout premier film d’horreur de l’histoire du cinema (cet honneur revient sans doute au ‘Manoir du Diable’ de Georges Méliès), mais ce fut certainement le plus influent. 

Le jeu sur l’ombre et la lumière, le basculement entre beauté et horreur, l’homme menaçant pourchassant une jeune innocente... La plupart des codes du genre furent ainsi inaugurés par Murnau. Et, à près d’un siècle de distance, son film reste profondément dérangeant : la tension sournoise instaurée par la musique de Hans Erdmann, l’effroyable raideur de Max Schreck, ainsi que son atroce maquillage, sont désormais devenus cultes. Quant à l’invasion de rats, particulièrement angoissante, on n’ose imaginer l’effet qu’elle eut à l’époque, sur un public à peine sorti de la Première Guerre mondiale.

La Mouche (1986)

de David Cronenberg, avec Jeff Goldblum et Geena Davis

Délirante reprise par David Cronenberg d'un canevas classique du récit fantastique (où un scientifique voit ses expériences de téléportation se solder par un vilain quiproquo génétique), 'La Mouche' n'est pas seulement un film d'horreur des plus élégants : c'est aussi l'une des histoires d'amour les plus tragiques du septième art. 

La relation, charmante, hésitante, magnifiquement écrite, entre Jeff Goldblum et Geena Davis, commence en effet comme une fragile romance… qui ne rend que plus atroce la dégradation physique et mentale auquel le film va peu à peu soumettre Goldblum. Aussi, entre les mains de Cronenberg, la maladie génétique devient-elle une puissante métaphore de tout mal intérieur imaginable, qu'il s'agisse du cancer, du sida, de la vieillesse, ou de l'amour perdu, du désespoir sentimental… 

Superbe, écœurant, exaltant, brutal, inspirant et inspiré, 'La Mouche' est un film humaniste et paradoxal, où l'humain lui-même tend à disparaître. Et c'est aussi sans conteste l'une des plus grandes réussites de son réalisateur, alors à l'apogée de son art.

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Les Oiseaux (1963)

d'Alfred Hitchcock, avec Tippi Hedren et Rod Taylor

Après 'Jamaïca Inn' (1939) et ‘Rebecca’ (1940), ‘Les Oiseaux’ est le troisème film d’Hitchcock adapté d’un récit de Daphné du Maurier. Et comme le maître de l’angoisse l'a prouvé à de nombreuses reprises, nul besoin d’esprits frappeurs, de monstres dégoulinants ou de zombies qui titubent pour terroriser le spectateur le plus averti. 

Ici encore, Hitchcock parvient à nous perturber par de simples suggestions – comme la vue menaçante de centaines d’oiseaux perchés silencieusement sur des câbles électriques – ou par son travail sur le son, et le bruit de plus en plus assourdissant des vicieux volatiles. Quant aux scènes de pure épouvante, malgré des effets spéciaux vieux de soixante ans, elles ont encore de quoi filer la chair de poule (on n’ose imaginer ce que ça donnerait en 3D). 

Mais au fond, 'Les Oiseaux' est surtout un parfait exemple de la manière dont Hitchcock joue avec les nerfs et la psyché du spectateur : reprenant le thème des envahisseurs, il le plonge dans une inquiétante familiarité toute freudienne. Et s'il est commun de dire que le réalisateur piochait abondamment dans la psychanalyse ('La Maison du Dr Edwards', 'Psychose'), rarement dans son œuvre les thèmes du danger et du désir, de la compulsion sensuelle (entre Tippi Hedren et Rod Taylor) et de sa censure (la mère du personnage masculin et... les oiseaux), auront à ce point débouché sur une menace irrationnelle, violente, sauvage et fétichiste.

Berberian Sound Studio (2013)

Entre hommage au giallo, expérimentations sonores, métadiscours teinté de nostalgie et épouvante au second degré, ce puissant ‘Berberian Sound Studio’ rappelle le ‘Blow Out’ de Brian de Palma (et, par ricochet, le génial ‘Blow-Up’ d’Antonioni qui l’inspira) avec de vrais bouts de schizophrénie lynchienne dedans… Bluffant. 

L’action se déroule en 1976, en Italie, dans un studio d’enregistrement où Gilderoy (Toby Jones), ingé-son britannique un peu coincé, se retrouve à devoir mixer les bruitages du dernier film de Santini (Antonio Mancino), l'un des maîtres du film d’horreur de l’époque. Peu à peu, une atmosphère d’étrangeté s’installe, entre actrices vociférantes, producteurs antipathiques, assistants cinglés et organisation kafkaïenne… jusqu’à ce que l’environnement même de Gilderoy bascule dans l’irrationnel. 

Afin de ne rien gâcher des habiles retournements qui constituent le récit, on évitera d’en dire plus. Toutefois, il faut noter que le long métrage de Peter Strickland fait preuve d’une impressionnante densité, ouvrant de multiples pistes d’interprétation, et interrogeant les perceptions du spectateur avec une maestria qui, par moments, n'est pas sans évoquer ‘Mulholland Drive’ ou ‘Lost Highway’ de David Lynch. 

Le travail sur le son – inquiétant et profond – et les images vintage, parfois dissociés, contribue notamment à faire planer sur le film une ambiguïté tout à fait délicieuse. Une véritable expérience de cinéma, passionnante et souvent virtuose.

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L'Enfant du Diable (1979)

de Peter Medak, avec George C. Scott, Trish Van Devere et Melvyn Douglas

Réalisé à l'ancienne (dans le meilleur sens du terme), ce thriller surnaturel et mésestimé de Peter Medak parvient à nous effrayer par son impressionnante maîtrise technique. Le remarquable George C. Scott y interprète un compositeur en vogue qui, après la mort de sa femme et de son fils dans un accident de la route, part enseigner à Seattle dans une étrange maison victorienne (hantée, bien évidemment). 

Or, même les séquences les plus banales, les clichés les plus éculés – comme cette séance de spiritisme où un médium tente d'entrer en contact avec l'esprit inapaisé du garçon défunt – sont mis en scène avec beaucoup d'habileté et une grande force de conviction. Guillermo del Toro soutient que les meilleures histoires de fantômes ont toujours un grand arrière-fond de mélancolie. C'est assurément le cas ici.

La Fiancée de Frankenstein (1935)

de James Whale, avec Boris Karloff, Colin Clive, Elsa Lanchester et Ernest Thesiger

'La Fiancée de Frankenstein' serait donc la meilleure adaptation du célèbre roman de Mary Shelley ? C'est en tout cas ce qu'ont tranché nos spécialistes de l'horreur. A l'époque, le réalisateur, James Whale, ne pensait pas donner de suite à son 'Frankenstein' de 1931. Mais sous la pression des studios, il décida qu'elle serait un chant nocturne, un véritable « hululement », selon son expression. 

En parallèle à son humour narquois et à son esthétique camp, cette 'Fiancée' marque le retour d'un Boris Karloff incroyablement émouvant dans le rôle du monstre. Le Dr Frankenstein a alors cessé de se prendre pour Dieu et renoncé à bricoler des cadavres dans son garage le dimanche ; mais son mentor orchestre un odieux chantage pour qu'il fournisse une compagne (Elsa Lanchester) à sa créature. 

Le maquillage de la mariée, toujours réalisé par l'incontournable Jack Pierce – avec cicatrices de barbelés, rouge à lèvres de diva, cheveux foudroyés – et les mouvements mécaniques, étrangement innocents, de Lanchester ont fait de ce film un véritable classique du cinéma gothique américain.

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Vidéodrome (1982)

de David Cronenberg, avec James Woods, Sonja Smits et Debbie Harry

Sans doute l’œuvre la plus visionnaire de Cronenberg, ‘Vidéodrome’ explore les dangers de la télévision à travers le regard déréglé de Max Renn (James Woods), programmateur de télé controversé. Dans un monde gouverné par des organes de censure, le contact avec des images choquantes détruit peu à peu la capacité de discernement entre réalité plastique et fantasme pervers. 

Ainsi, après avoir visionné une cassette intitulée "Vidéodrome”, Max voit sa perception s'altérer : impossible alors de savoir si sa relation sado-masochiste avec Nicki Brand (interprétée par Debbie Harry, la chanteuse du groupe Blondie) n’est que pure hallucination, au même titre que l’étrange vagin qui lui pousse au milieu du ventre. Et lorsque cet orifice béant se transforme en magnétoscope dans lequel les censeurs insèrent des cassettes, chair et technologie finissent par former un ensemble organique particulièrement troublant.

Morse (2008)

de Tomas Alfredson, avec Kåre Hedebrant et Lina Leandersson

Un classique immédiat ? Si la présence de 'Morse' au sein de notre classement signifie quelque chose, alors oui, certainement. Le film d'épouvante de Tomas Alfredson – dont les décors neigeux accompagnent à merveille la tristesse – ressemble à un conte initiatique sur l'expérience amoureuse. 

Oskar, 12 ans, aime sa voisine, Eli. Parfois, il trouve qu'elle a une drôle d'odeur. Plus tard, les bonbons qu'il lui offre la rendent violemment malade. Et ses yeux saignent lorsqu'elle pénètre chez lui sans avoir été invitée : eh oui, Eli est un vampire… « Cela fait une éternité que j'ai cet âge… » 

Comme le cinéaste suédois ne voulait pas d'interprétations policées, il préféra travailler avec des acteurs non professionnels. Pourtant, Eli paraît véritablement intemporelle. Horrible et touchant, 'Morse' reçut, entre autres, le Grand Prix et le Prix de la critique au Festival du film fantastique de Gérardmer.

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La Féline (1942)

de Jacques Tourneur, avec Simone Simon et Kent Smith

L'idée que le cinéma d'horreur puisse constituer le support d'une subversion politique, ou culturelle, a beau avoir connu son heure de gloire dans les années 1970 (avec notamment le 'Zombie' de George A. Romero), elle a toujours été présente en filigrane : ne trouve-t-on pas, par exemple, dans le 'Frankenstein' de Mary Shelley, une puissante satire des classes sociales ? 

Le message de l'étrange et très beau film de Jacques Tourneur, 'La Féline', est sans doute plus subtil, et n'en interpelle pas moins le spectateur. Il pourrait être vu comme une étude sur la puissance intrinsèque du désir féminin, et que le nier ne saurait que l'exacerber, le pousser à éclater de façon abrupte et violente. 

Simone Simon y interprète Irena, une jeune femme d'origine serbe, maltraitée durant son enfance, qui se transforme en panthère sanguinaire dans ses moments d'excitation sexuelle. Or, toute la force du film réside dans la subtilité avec laquelle Tourneur explore ces thèmes, sans jamais tomber dans le trivial, ni perdre de vue le drame sensible au cœur de son histoire.

Frankenstein (1931)

de James Whale, avec Colin Clive, Boris Karloff et Mae Clarke

Une porte s'ouvre, le monstre se met en branle, entame un pas, instable… Il est vivant ! Mais lorsque la caméra montre son visage, on perçoit dans son regard une absence, un vide morbide. Définitivement, notre image du monstre de Frankenstein aura été marquée par le légendaire travail de maquillage de Jack Pierce sur ce film : les boulons au cou, la tête plate, les yeux enfoncés et hagards… 

En 1932, le public attendait Bela Lugosi dans le rôle-titre, mais celui-ci, lâché par les studios, désapprouvait la façon dont le script transformait la créature philosophique de Mary Shelley en un pré-zombie mutique. Boris Karloff, alors relativement inconnu, fut donc recruté au débotté par le réalisateur James Whale, qui en profita pour injecter à son 'Frankenstein' une bonne dose d'humour à froid, dans une atmosphère angoissante, limite choquante pour l'époque – comme lors de cette scène où un agriculteur transporte le corps inerte de sa fille, à travers le village occupé à célébrer le mariage du savant fou.

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Les Griffes de la nuit (1984)

de Wes Craven, avec Heather Langenkamp, Robert Englund et John Saxon

Quoi qu’il arrive, ne t'endors pas. Voilà le terrifiant avertissement qu’assène Nancy à son petit ami Glen – un Johnny Depp très jeune et incroyablement propre, ici dans son premier rôle. Car le cultissime Freddy Krueger, chapeau cabossé, visage brûlé et lames tranchantes à la place des doigts, hante les cauchemars des adolescents, les condamnant à une mort, elle, bien réelle. 

Si l’on connaît surtout le talent novateur de Wes Craven grâce à ‘Scream’, ‘Les Griffes de la nuit’, douze ans plus tôt, redonnait déjà un bon coup de brosse aux teen slashers, sous-genre dans lequel des adolescents en rut finissent généralement en morceaux. La fin du film, imposée par les producteurs, a beau paraître incohérente, il ne faut pas rater ses scènes de meurtre ahurissantes, notamment la première, où la meilleure amie de Nancy se retrouve projetée dans les airs avant d’être lacérée par son agresseur invisible. Tout ça, bien sûr, sur fond de grosse musique eighties.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

de Georges Franju, avec Edith Scob, Pierre Brasseur, Alida Valli et Juliette Mayniel

C’est seulement le deuxième long métrage de Georges Franju. Pourtant, Les Yeux sans visage est incontestablement un chef-d’œuvre du cinéma fantastique français. Adaptation du roman de Jean Redon sorti un an plus tôt, ce film tout en ombres et en silences mêle de manière virtuose effroi et poésie, épouvante et fascination. On y retrouve l’esthétique glaciale de celui qui avait jusqu’alors tourné des documentaires au réalisme impitoyable, décrivant tour à tour le monde des abattoirs ou le triste destin des « gueules cassées ». Avec ce film monumental et frankensteinien, Georges Franju a parfois été désigné comme un précurseur du cinéma gore, qui apparaîtra en effet quelques années plus tard...

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Martyrs (2008)

de Pascal Laugier, avec Mylène Jampanoi et Morjana Alaoui

‘Saw’ et ‘Hostel’ ne figurent peut-être pas dans notre liste, mais le torture porn, sous-genre peu ragoûtant du cinéma d’horreur, n’a pas été oublié pour autant. Parmi les quelques films français de ce classement, ‘Martyrs’, de Pascal Laugier, est de loin le plus atroce, donnant aux Américains une leçon magistrale en termes de souffrance – entre autres : retirer des clous en métal plantés dans le crâne d’une femme, la dépecer méthodiquement... 

Le film, qui mêle gore, horreur, surnaturel et thriller psychologique, s’ouvre sur une petite fille couverte de sang s’échappant d’un abattoir abandonné. Quinze ans plus tard, la jeune martyrisée veut se venger, abattant sauvagement une famille qu’elle croit responsable de ses malheurs. Or, tout ceci ne constitue que les dix premières minutes du film, laissant ensuite place à plus d’une heure de séquences visuellement insoutenables. Aussi loin qu’on s’en souvienne, seul ‘Salo ou les 120 jours de Sodome’ nous avait laissés sur une telle envie de dégobiller.

Cannibal Holocaust (1979)

de Ruggero Deodato, avec Francesca Ciardi et Perry Pirkanen

Voici l'un des rares films véritablement crades à avoir survécu à son titre provocateur et une affiche aussi gore que sinistre. C'est que, derrière sa brutalité et ses excès (un fœtus arraché du ventre de sa mère, une tortue écorchée vive, des organes génitaux découpés en tranches…), 'Cannibal Holocaust' témoigne d'une intense inventivité visuelle, essentiellement due à sa forme inédite de faux documentaire, désormais adoptée par tous les films basés sur le montage de prétendues archives retrouvées – à commencer par 'Le Projet Blair Witch'. 

Après avoir été témoins des pratiques barbares d'une tribu amazonienne, d'apprentis documentaristes, amateurs de sensations fortes, développent un étonnant goût pour le viol et le meurtre... Mais, en dépit de ces mille et une représentations graphiques de la cruauté et de la torture, le plus effrayant reste la façon comique dont ce carnage anthropophage prétend condamner une violence, qu'il prend si manifestement plaisir à dépeindre.

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Au cœur de la nuit (1945)

d'Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hamer

Le principal souvenir qu'on conserve de cette anthologie du cinéma d'épouvante des Studios Ealing, c'est en général l'image de Michael Redgrave en ventriloque possédé par sa propre marionnette. En fait, le film est constitué d'une série de contes, narrés par les invités d'une réception dans un chalet isolé. Les histoires en elles-mêmes sont de qualité variable, mais les talents mis à contribution – la crème de Ealing – forcent le respect. 

A côté de l'épisode du ventriloque, l'autre principal segment du film est réalisé par Robert Hamer ('Il pleut toujours le dimanche'), où il est question d'un miroir qui reflète un autre espace-temps, dans lequel un homme (Ralph Michael) se trouve entraîné et poussé à assassiner sa femme (Googie Withers). Pour l'anecdote, le cinéma d'horreur ayant disparu pendant la guerre, ce film marqua, à sa sortie en 1945, le retour du genre sur les écrans britanniques.

Le Projet Blair Witch (1999)

de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez, avec Heather Donahue et Michael C. Williams

Même si ‘Cannibal Holocaust’ le précédait de presque deux décennies, ‘Le Projet Blair Witch’, faux documentaire haletant signé Daniel Myrick et Eduardo Sanchez, est considéré comme le véritable pionnier des films d’horreur utilisant des « vidéos retrouvées ». Tourné en huit jours pour 50 000 $, le film présente les vidéos tournées par trois étudiants, portés disparus depuis. 

Partis caméra à la main dans une forêt du Maryland pour réaliser un documentaire sur une légendaire sorcière, on les voit s’enfoncer progressivement dans les bois, puis se perdre, et s’engueuler de manière hystérique, tandis que des phénomènes de plus en plus étranges (habits qui disparaissent, cris d’enfants en plein milieu de la nuit) viennent leur faire perdre la raison. 

Les acteurs, qui tournèrent eux-mêmes les images, savaient peu de choses du scénario, et furent véritablement abandonnés en forêt, privés de nourriture et de sommeil, guidés chaque jour par de nouvelles instructions. Le résultat est plus vrai que nature. 

Sans effets spéciaux, voire parfois sans images (pour les scènes tournées de nuit), ‘Blair Witch’ est l’incarnation même de l’angoisse – « j’ai peur d’ouvrir les yeux et peur de les fermer ». Difficile donc de ne pas être submergé d’effroi lorsqu’arrivent les dernières minutes, redoutables, considérées par certains comme l'une des meilleures fins de film de tous les temps. De quoi nous dégoûter du camping pour un bon moment.

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L'Invasion des profanateurs de sépultures (1956)

de Don Siegel, avec Kevin McCarthy et Dana Wynter

S'agit-il d'une satire futée du conformisme et du consumérisme, ou d'une parabole réac sur l'infiltration rampante du communisme aux Etats-Unis ? C'est certainement cette ouverture, cette indécision, qui ont rendu si durable cette adaptation de l'angoissant roman de Jack Finney par Don Siegel. Mais au fond, tout cela ne serait pas grand-chose sans le caractère extrêmement divertissant et dynamique du film. 

Bien sûr, le côté col blanc coincé des années 1950 a pris un sérieux coup de vieux – surtout quand des scientifiques à pipe s'en mêlent –, mais ce côté vintage ne manque pas de contribuer au charme décalé et fantastique du long métrage. Jusqu'à sa fin explosive, l'une des plus sombres du cinéma d'horreur, et diablement audacieuse pour son époque.

Possession (1981)

d'Andrzej Zulawski, avec Isabelle Adjani, Sam Neill et Heinz Bennent

« Implacable » est un adjectif qui revient souvent pour qualifier des films d’horreur. Pourtant, ce n’est qu’assez rarement le cas : même les œuvres les plus extrêmes marquent des temps d’arrêt, des pauses, pour permettre au public de reprendre son souffle. Mais pas ‘Possession’.

Le film de Zulawski débute dans un calme relatif – un couple d'expatriés à Berlin doivent faire face à l’échec de leur mariage. S'ensuit alors une série d’intrigues, de trahisons, d’évènements étranges, de ruptures de ton satiriques ou inexpliquées, jusqu’à des moments d’horreur absolue dont l’intensité se révèle presque insupportable. 

Les performances des acteurs sont remarquables – le pétage de plomb d’Isabelle Adjani dans les couloirs d’une station de métro reste l’une des scènes de possession les plus dévastatrices du cinéma – et le script est à la fois politiquement audacieux et émotionnellement suintant. Le résultat est tout bonnement unique : plongée en apnée dans une folie créatrice extrêmement singulière. Où ce ne sont plus les personnages qui sont possédés, mais le film lui-même.

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The Descent (2005)

de Neil Marshall, avec Shauna Macdonald, MyAnna Buring et Natalie Mendoza

Six amies piégées au fond d’une grotte doivent affronter le froid, l’obscurité, et une variation plus grosse et féroce du Gollum du ‘Seigneur des anneaux’. Mais ce qui aurait pu n'être qu'un simple film d’horreur réussit à faire preuve d’une surprenante profondeur émotionnelle : alors que nos héroïnes se retrouvent poursuivies par des créatures aveugles à l’odorat extrêmement développé, les tensions au sein du groupe s’exacerbent, les loyautés se désintègrent et les trahisons affleurent... 

Sarah, qui a perdu un an plus tôt sa fille et son mari dans un accident de voiture, va alors devoir surmonter ses peurs, et tenter de sortir de cet enfer à grands coups de pic à glace. Avec un casting exclusivement féminin et entièrement badass, une atmosphère sombre, moite, et des scènes d’angoisse à vous décrocher le cœur, ‘The Descent’ se démarque sans problème des autres films d’horreur de sa génération.


Comme beaucoup de films d’horreur, le premier long métrage de Richard Donner ne fut pas particulièrement bien accueilli par la critique à sa sortie, mais il est désormais considéré comme un classique du genre. La légende raconte d'ailleurs que le film lui-même était maudit : d’étranges événements à répétition frappèrent plusieurs membres de l’équipe ; quant à la femme du réalisateur, elle fut décapitée dans un accident de voiture peu de temps après la fin du tournage...

Le Carnaval des âmes (1962)

de Herk Harvey, avec Candace Hilligoss, Frances Feist et Sidney Berger

Impossible de traverser l’étrangeté monochrome du premier film de David Lynch, ‘Eraserhead’, ou de croiser les cauchemardesques zombies de ‘La Nuit des morts-vivants’ de George Romero, sans y percevoir l’influence de ce film-culte du début des années 1960, longtemps resté inédit en France, avec son atmosphère désorientée et ses séquences somnambuliques. 

Sortie trempée d’une rivière après un accident de voiture dont elle est l’unique survivante, Mary Henry (Candace Hilligoss) apparaît de plus en plus erratique sur le plan mental, croyant devenir invisible, ou inaudible – jusqu’à ce qu’un homme étrange, au visage blanchâtre, ne la conduise dans l’espace abandonné d’une fête foraine, à Salt Lake City. Tourné en trois semaines pour un budget dérisoire de 33 000 $, ‘Carnival of Souls’ reste une pierre angulaire du film fantastique, en plus de sa bande originale, ruisselante d’orgues à vous filer la chair de poule.

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Evil Dead (1981)

de Sam Raimi, avec Bruce Campbell et Ellen Sandweiss

Si ‘Massacre à la tronçonneuse’ avait déjà prouvé qu’une vieille caméra et un peu d’imagination pouvaient suffire à engranger des recettes phénoménales, le premier long métrage de Sam Raimi, en 1981, redonna un sérieux coup de fouet au genre des films d’horreur faits maison. 

‘The Evil Dead’ fut en effet réalisé avec un budget minuscule par Raimi et ses amis d’enfance, le producteur Robert Tapert et l’acteur Bruce Campbell, adaptant leur propre court métrage ‘Within The Woods’. Résultat : un film d’horreur désormais culte, à la fois drôle, angoissant et férocement original. On y retrouve, entre autres, des scènes de possession, des zombies, et même des arbres violeurs (si, si). 

Alors bien sûr, les acteurs sont loin d’être oscarisables, et les effets spéciaux ont pris un bon coup de vieux. Mais la scène où Cheryl, première victime du film, se fait violer par des branches diaboliques reste l’une des plus vicieuseusement inventives du genre. En plus d’une source d’inspiration pour tout réalisateur débutant, ‘The Evil Dead’ demeure donc à ce jour un hommage retentissant au do it yourself, et au pouvoir incontestable du ketchup et de la pâte à modeler.

Le Voyeur (1960)

de Michael Powell, avec Karlheinz Böhm, Moira Shearer et Anna Massey

Réalisé la même année que ‘Psychose’ (autre film sur un type solitaire et salement dérangé), ce long métrage marqua un assez net coup d’arrêt à la carrière de Michael Powell, réalisateur fameux, à l’époque, pour quelques grands classiques du cinéma britannique d’après-guerre (‘Une question de vie ou  de mort’, ‘Le Narcisse noir’, ‘Les Chaussons rouges’), co-réalisés avec Emeric Pressburger. 

L’histoire du ‘Voyeur’ est celle de Mark Lewis (Karl Böhm), cinéaste, photographe érotique à ses heures, que l’on découvre bientôt également tueur en série – sa caméra cachant une arme pour piéger et assassiner de jeunes femmes. A sa sortie en Grande-Bretagne, le film fut vilipendé pour ses dialogues de prostituées, pour ses scènes de semi-nudité, alors que sa modernité réside bien ailleurs : dans son propos, où la caméra est une prédatrice, et où nous-mêmes, en tant que spectateurs, participons d’une transformation de la vie privée en divertissement meurtrier. Ce ‘Peeping Tom’ (en VO) est le ‘Jack l’éventreur' d’aujourd’hui. Toute caméra est une goule. Voilà un grand film d’horreur sur l’horreur même du cinéma.

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Le Locataire (1976)

de Roman Polanski, avec lui-même et Isabelle Adjani

Dans ‘Rosemary’s Baby’, Roman Polanski faisait dire au personnage de Mia Farrow : « Cela existe, les gens qui vous veulent du mal, n’est-ce pas ? » Avec ‘Le Locataire’, parfait écho au film susmentionné, le réalisateur reprend ce thème de la paranoïa et fait de nouveau d’un immeuble le lieu central de l’action, sorte de petite société totalitaire où tout le monde surveille tout le monde. 

Certains critiques évoqueront d’ailleurs une « trilogie de l’appartement », puisque ‘Répulsion’ s’inscrit dans la même lignée. En adaptant un roman génial de Roland Topor, ‘Le Locataire chimérique’, et en prenant un point de départ trivial, les querelles de voisinages, Polanski laisse ici libre cours à ses démons habituels dans une veine toujours aussi subtile et terrifiante. 

Tout un symbole : le cinéaste joue lui-même le rôle du personnage principal, un petit immigré d’Europe centrale harcelé par ses voisins pour d’absurdes motifs kafkaïens. Et quand ce timide locataire dit au sujet de ses voisins : « Des choses idiotes s’enveniment et prennent d’énormes proportions », c’est finalement tout le sel de la mise en scène de Polanski qui est soudain décrit en une courte phrase.

L'Heure du loup (1967)

d'Ingmar Bergman, avec Max von Sydow et Liv Ullmann

Difficile ici de retrouver l’acteur-fétiche de Bergman, Max von Sydow, en artiste torturé sans se souvenir de sa performance autoparodique en peintre misanthrope, dans ‘Hannah et ses sœurs’ de Woody Allen (1986). Hormis cela, ‘L’Heure du loup’ est on ne peut plus sérieux et angoissant : le réel et l’imaginaire s’y confondent en permanence et, tandis que les démons intimes de l’artiste malade prennent le contrôle du film, sa femme (Liv Ullmann) commence à sombrer dans une névrose assez complète. 

Conçu en même temps que le superbe ‘Persona’ (dont les thèmes sont extrêmement proches : duplicité, création, retrait, folie...), cet unique film d’horreur du réalisateur suédois est un cauchemar gothique où des monstres marchent sur les murs, et dans lequel de vicieux flashbacks viennent troubler un récit parcouru de visions de malaise (dont une, tétanisante, montrant le héros luttant contre un enfant-vampire sur une musique à vous rendre totalement schizophrène). Fantastique et habité – d’autant plus lorsqu’on sait que ‘L’Heure du loup’ s’inspire de la propre dépression nerveuse de Bergman, au milieu des années 1960.

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Les Frissons de l'angoisse (1975)

de Dario Argento, avec David Hemmings et Daria Nicolodi

Les fans d’Argento se divisent généralement en deux catégories : ceux qui préfèrent ses films giallo – genre italien entre l’horreur et le policier –, et ceux qui ne se lassent pas de son surréalisme rêveur post-’Suspiria’. ‘Les Frissons de l'angoisse’ ('Profondo rosso' – « rouge profond » en VO) a l’avantage de mettre tout le monde d’accord, alliant une intrigue simple et puissante à des scènes de meurtre formidablement expressionnistes. 

Macha Méril y fait une apparition éclair en voyante terrorisée, mais la force du film réside surtout dans son duo principal – David Hemmings et Daria Nicolodi, particulièrement sympathiques en détectives amateurs sur la piste d’un tueur en série. ‘Les Frissons de l'angoisse’ reste ainsi sans doute le film le plus délectable d’Argento, s’attaquant à la masculinité italienne avec une désinvolture jouissive, et offrant des scènes d’effroi parmi les plus loufoques du genre, accompagnées d’une bande-son prog-rock complètement absurde signée par le groupe italien Goblin.

de Henri-Georges Clouzot, avec Véra Clouzot et Simone Signoret

Il est commun de dire que la France se révèlerait incapable de donner dans le cinéma de genre. Si le terme est discutable (car d’abord, qu'est-ce qu'un « genre » ?), il est pourtant difficile d'oublier l'œuvre de cinéastes comme Franju, Verneuil, et surtout Clouzot, dont la contribution au septième art est époustouflante… 

‘L'assassin habite au 21’, ‘Le Corbeau’ et ‘Quai des Orfèvres’ sont des classiques du thriller/polar, ‘Le Salaire de la peur’ un stupéfiant film d'action/suspense (dont le remake par William Friedkin, ‘Sorcerer’, est également estomaquant), et ce ‘Diaboliques’ un miracle de thriller dramatico-fantastique. 

Prenant pour décor une école pour garçons, ‘Les Diaboliques’ suit le complot de deux femmes pour se débarrasser de Michel, mari de l'une des deux et amant de l'autre, abusif et méprisant. L'assassinat réussit. Pourtant, sur une photo de classe, le visage du mari défunt apparaît dans le fond... 

Une atmosphère que le cinéma fantastique japonais récent ne renierait pas, mais Clouzot évite les effets et s'appuie essentiellement sur sa fragile et magnifique actrice principale, sa propre femme, Véra Clouzot. Les yeux habités de peur, elle est secondée par une Simone Signoret reptilienne, et le mari défunt joué par un Paul Meurisse brillant, utilisant avec virtuosité son regard froid, imperturbable. 

Délicieusement insidieuse, la mise en scène de Clouzot plonge sa Véra – et le spectateur – dans un cauchemar dont la résolution par un Charles Vanel goguenard ne dilue pas l'effroi. A noter qu'on y croise également un jeune Michel Serrault, et que l'un des enfants figurants n'est autre que... Johnny Hallyday !

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Les Diables (1971)

de Ken Russell, avec Oliver Reed et Vanessa Redgrave

Entre d’autres mains, la sauvage théâtralité des ‘Diables’, histoire de persécution au XVIIe siècle en France (inspirée par l’affaire des possédées de Loudun), aurait tout simplement pu tourner au défouloir hystérico-gore. 

Au fond, ce qui est génial dans ‘Les Diables’, c’est précisément que le réalisateur Ken Russell (qui dirigera quelques années plus tard ‘Tommy’, l’opéra-rock des Who) parvient à créer, en marge de son atmosphère de folie furieuse, une réelle sensation de claustrophobie et d’anxiété – notamment due à la performance toute en retenue (en tout cas, comparée à la frénésie qui l’entoure) d’Oliver Reed. 

Ainsi, lorsque son personnage, le Père Grandier, se retrouve soumis à la torture, le spectateur éprouve toute l’horreur de la corruption religieuse et des caprices de l’Inquisition. Ceci dit, ‘Les Diables’ est aussi incroyablement jouissif, de la scénographie immense et écrasante de Derek Jarman à la performance de Vanessa Redgrave (‘Blow-Up’), en religieuse vulnérable et possédée.

Kwaidan (1964)

de Masaki Kobayashi, avec Tatsuya Nakadai, Rentarô Mikuni et Michiyo Aratama

Inspirées de contes traditionnels japonais et tournées dans de superbes décors peints à la main, ces quatre histoires (de femmes aux cheveux corbeau, de spectres sensuels, de moines aveugles et chantant, ou de samouraïs fantomatiques) servirent de matrice à bien des productions postérieures au Pays du soleil levant. 

La femme éternellement jeune du premier segment (’Les Cheveux noirs’) préfigure en particulier les nombreuses héroïnes aux cheveux de jais et aux visages pâles des films de J-horror modernes – par exemple, ‘The Ring’ (1998). Chez Kobayashi, l’utilisation de la couleur, très stylisée, tend vers le symbolisme bien plus que vers le naturalisme. 

Ajoutez à cela la musique avant-gardiste de Toru Takemitsu (incorporant des éléments concrets et des samples de sons naturels), et vous obtiendrez une atmosphère habilement hantée, et quelques fantastiques frissons.

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Vampyr (1932)

de Carl Theodor Dreyer, avec Julian West, Jan Hieronimko et Sybille Schmitz

Produit en 1932 par le baron Nicolas de Gunzburg (qui, sous le pseudonyme de Julian West, en interprète le rôle principal), 'Vampyr' fait suite, dans la filmographie de Dreyer, à sa célèbre 'Passion de Jeanne d'Arc'. 

Adapté de deux nouvelles de l'Irlandais Sheridan Le Fanu, le film suit l’aventure d'un jeune homme, David Gray, en visite au village de Courtempierre (France), hanté par de biens étranges habitants – avec, pour certains, deux curieux petits points rouges au niveau du cou. Sa réalisation singulière, ‘Vampyr’ la tient de l’époque-charnière où il se situe dans l'histoire du cinéma : ainsi, Dreyer y utilise simultanément des techniques du muet et du parlant (apparu en 1928), pour aboutir à une forme hybride, onirique et saisissante. 

Intertitres, illustrations musicales, dialogues parlés, silences et bruitages répondent aux jeux de surimpressions et de contrastes du cinéaste, tout comme à la photographie brumeuse de Rudolph Maté. Selon Dreyer, il s’agissait pour lui de « réaliser un rêve éveillé, et de montrer que l’horreur ne se trouve pas autour de nous, mais à l’intérieur même de nos inconscients » : inquiétante étrangeté qui se traduit, visuellement, par des scènes hallucinées, souvent stupéfiantes, où l’on peut voir des ombres valser dans un grenier vide, ou adopter la vue subjective d’un mort, transporté dans son cercueil.

28 Jours plus tard (2003)

de Danny Boyle, avec Cillian Murphy, Naomie Harris et Megan Burns

L'Angleterre dans un futur proche. Un commando de défense des animaux s'introduit dans un labo secret afin de délivrer des chimpanzés soumis à d'horribles expériences. Mais, aussitôt libres, les animaux, contaminés par un mystérieux virus, bondissent sur leurs sauveurs. 

Vingt-huit jours plus tard, le mal s'est répandu à travers le pays. Jim, un jeune coursier, sort du coma dans un Londres déserté. Le jeune homme, Selena et Mark, Frank et sa fille Hannah, tentent de gagner une zone sécurisée de Manchester. C'est le début du cauchemar.

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L'Au-delà (1981)

de Lucio Fulci, avec Katherine MacColl et David Warbeck

Hors des salles d’expositions ou d’art et d’essai, l’horreur est le seul genre cinématographique où le surréalisme le plus débridé soit non seulement acceptable, mais même fortement apprécié – et à cet égard, il existe peu d’exemples graphiquement comparables aux bains de sang louisianais de ce film du cinéaste italien Lucio Fulci. 

L’intrigue de base est assez classique : une jeune femme hérite d’un hôtel dont elle découvre qu’il fut construit au-dessus d’une des sept portes de l’enfer (laquelle, manque de bol, se trouve avoir été ouverte). Enfin, tout cela n’est qu’un prétexte, un simple cadre narratif au sein duquel Fulci va tout faire pour bouleverser et horrifier ses spectateurs : des visages fondent inexplicablement, des tarentules viennent arracher des langues humaines, des zombies sortent de terre et des globes oculaires sont arrachés sans vergogne. 

Le résultat est sans doute le film le plus cauchemardesque de toute cette liste, une véritable descente dans les profondeurs du non-sens, et une horreur imprévisible, belle et terrifiante comme le dard dressé d’un scorpion furieux.

Eraserhead (1978)

de David Lynch, avec Jack Nance, Charlotte Stewart et Jeanne Bates

Le premier film cauchemardesque de David Lynch. A la suite d'un accouchement prématuré, Mary, la fiancée d'Henry, a mis au monde une sorte de monstre, mi-humain, mi-animal, qui nécessite des soins incessants et une attention constante. 

Déjà déprimé par l'ambiance totalement inhumaine de la gigantesque usine dans laquelle il travaille, Henry doit de plus désormais faire face seul aux soins que réclame sa curieuse progéniture. Mary, qui ne supportait plus ses cris, vient en effet de quitter l'appartement. Henry est hanté jour et nuit par des rêves et des visions obsédantes...

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La Nuit du chasseur (1955)

de Charles Laughton, avec Robert Mitchum, Shelley Winters et Lilian Gish

Un prêcheur fanatique poursuit de ses assiduités deux enfants dont le père vient d'être condamné pour vol et meurtre. La petite fille détient dans sa poupée les dix mille dollars du dernier larcin de son père. 

Les enfants vont être pourchassés sans pitié par ce prêcheur fantastique et inquiétant. Un excellent suspense et un Robert Mitchum parfait dans son rôle d'homme de Dieu.

Under the Skin (2013)

de Jonathan Glazer, avec Scarlett Johansson

« Fantastique », le film de Jonathan Glazer l’est dans tous les sens du terme. D’abord parce qu’il mêle les genres avec brio : sous couvert de science-fiction, ‘Under the Skin’ en appelle ainsi tour à tour au road movie, au thriller, au survival, avec de jolis détours par l’érotisme et l’horreur onirique, le tout avec une cohérence, à la fois visuelle et narrative, absolument magistrale. 

Basé sur le roman homonyme de Michel Faber publié en 2000, le long métrage de Glazer en réduit subtilement le propos à l’essentiel : une mystérieuse femme – mais est-elle seulement humaine ? – séduit des hommes à travers l’Ecosse, pour les faire disparaître un à un. 

Or, sur ce pitch aussi intriguant que décharné, servi par une musique dissonante, vénéneuse, signée Mica Levi et des séquences surréelles et hypnotiques, Jonathan Glazer offre à Scarlett Johansson l’un des plus beaux rôles de sa carrière – et très certainement son meilleur depuis ‘Match Point’ de Woody Allen, en 2005.

Et c’est là le deuxième génial aspect d’‘Under the Skin’ : outre son envoûtante beauté plastique, le film joue sur de multiples tableaux et grilles de lectures. Fable sur le désir et ses paradoxes, sur les liens entre l’érotisme et le goût du risque, de l’inattendu, il constitue en outre une ode à « Scarjo », omniprésente et méconnaissable, une réflexion sur son statut de célébrité, mais aussi et surtout sur le cinéma lui-même comme mécanique illusoire et dévorante.

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Répulsion (1965)

de Roman Polanski, avec Catherine Deneuve, Yvonne Furneaux, John Fraser

Une jeune manucure belge, Carole, travaille et vit à Londres avec sa sœur, Hélène. Carole, introvertie, éprouve des problèmes relationnels avec les hommes. Elle repousse Colin qui la courtise et n'apprécie pas Michael, l'amant de sa sœur. 

Quand celle-ci part avec Michael, Carole sombre progressivement dans la névrose. Recluse, elle bascule dans la schizophrénie, et devient hantée par des bruits.

de David Robert Mitchell avec Maika Monroe, Keir Gilchrist et Daniel Zovatto

Tronçonneuses, vampires, exorcisme, fous furieux sanguinaires, monstres, Jack Nicholson, un type traumatisé par sa mère qui se déguise en elle : pas besoin de tout ça pour faire frissonner de terreur une salle de cinéma. Avec ‘It Follows’, vous serez cramponné à votre fauteuil à cause… de gens qui marchent. Qui suivent quelqu’un, plus exactement. 

Et ce ne sont pas vraiment des gens, mais plutôt le pronom indéfini « it » en anglais, une créature aux multiples apparences, prenant tantôt le visage de vieillards ou d’enfants anonymes, tantôt celui d’une femme nue, tantôt celui des proches de Jay, la jeune fille victime de la malédiction. On parle d’un mauvais sort, mais c’est presque une MST, puisque c’est en lui faisant l’amour qu’un garçon a refilé la créature à Jay. 

Désormais, le monstre poursuivra l’adolescente à la trace, où qu’elle aille, quoi qu’elle fasse, afin de la tuer. Très vite, Jay va se réfugier dans son petit groupe d’amis pour trouver du réconfort. Ceux-ci ne peuvent pas voir la créature, mais ils représentent une présence rassurante. Evoluant dans un monde presque désolé, dont les adultes semblent singulièrement absents (hormis les apparitions de la créature), la bande va tour à tour se cloisonner, fuir et attendre. 

Tout l’art de la mise en scène de ‘It Follows’ consiste donc dans ces différents temps d’évitement, de confrontation ou de résignation, symboliques d’un âge où la transformation du corps et de l’esprit s’apparente souvent à un véritable traumatisme.

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Black Christmas (1974)

de Bob Clark, avec Olivia Hussey, Keir Dullea et Margot Kidder

Considéré par beaucoup comme le premier slasher de l’histoire du cinéma d’horreur (sous-genre dans lequel un serial killer se livre à des atrocités que le film s’acharne à exploiter graphiquement), ce long métrage réalisé en 1974 au Canada par l’américain Bob Clark, s’inspire directement d’une série de meurtres ayant eu lieu au Québec. 

Alors qu’une fête de Noël s’organise dans une confrérie de religieuses, des mystérieux et obscènes coups de fil viennent perturber l’atmosphère. Une à une, les jeunes femmes auront bientôt affaire à un psychopathe qui ne leur épargnera évidemment rien : persécution, asphyxie, pluie de coups de couteau, etc. 

Plutôt mal reçu à sa sortie, pour son haut degré de violence gratuite, ‘Black Christmas’ acquit au fil des ans un statut de film culte, influençant notamment les fameux ‘Halloween’ de John Carpenter, ou la série des ‘Vendredi 13’. Bref, sans doute le film idéal pour se changer les idées après un réveillon pourri.

Conjuring : Les dossiers Warren (2013)

de James Wan, avec Vera Farmiga, Patrick Wilson et Sterling Jerins

Il faut reconnaître à James Wan un sens du rythme assez imparable, qui parvient, en dépit d’un thème complètement éculé – paranormal, maison hantée, Satan l’habite… – à faire de son ‘Conjuring’ un film d’épouvante véritablement haletant. 

Loin des slashers débiles aux montages épileptiques, la mise en scène de James Wan, 36 ans et déjà père de la franchise ‘Saw’ (célèbre fer de lance du discutable genre du torture-porn), témoigne même d’une maestria évidente : les cadres sont angoissants – notamment grâce à leur habile utilisation du hors-champ – et le rythme du montage prenant. 

Le réalisateur malaisien égrène ainsi avec une impressionnante précision ses références, ‘Amityville’ et ‘L’Exorciste’ en tête. Et cela suffit à faire de ‘Conjuring’ l’un des meilleurs films d’horreur de l’année 2013. Assez haut la main.

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