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Guide du film d'amour : n°40 à 31

Les 50 meilleurs films romantiques

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Rendez-vous (1940)

d'Ernst Lubitsch, avec Margaret Sullavan et James Stewart

A Budapest, en Hongrie, Alfred Kralik (le toujours délicieux James Stewart) peut s’enorgueillir d’être le meilleur vendeur de la boutique de M. Matuschek (Frank Morgan). Celui-ci, pourtant, décide d’embaucher à ses côtés la jeune et jolie Klara Novak (Margaret Sullavan), envers laquelle Kralik éprouve une antipathie immédiate et permanente. En parallèle, notre employé modèle entretient une relation épistolaire, d’un romantisme passionné, avec une inconnue trouvée dans les petites annonces... dont Kralik découvrira qu’il s’agit en fait de sa collègue détestée, le jour même où il se fera virer. Comédie de mœurs affectueuse, ironique et amusée sur la classe moyenne, ‘Rendez-vous’ – plus connu sous son titre original : ‘The Shop Around the Corner’ – joue des quiproquos, du comique de situations, de dialogues bourrés d’humour, avec la verve et le talent éclatant des derniers films de Lubitsch. Le tout, servi par des interprétations exquises ; et le thème, assez visionnaire et rare pour l'époque, du déclassement social. – AP

Ma nuit chez Maud (1969)

d'Eric Rohmer, avec Jean-Louis Trintignant et Françoise Fabian

'Ma nuit chez Maud' n’est pas tant le film pascalien qu’on se plaît tant à décrire, qu’un film qui discute de Pascal, c’est-à-dire de probabilités, de religion et surtout de choix. Eric Rohmer, génie dans l’art de mettre en scène la dialectique des conversations, réalisateur obsédé par les rapports amoureux et leur mise en paroles, pousse la logique de ses principes à son comble avec 'Ma nuit chez Maud'. La participation de cette libre-penseuse, Maud, aux discussions entre les deux personnages masculins, Vidal le marxiste et Jean-Louis le catholique, permet au spectateur de se passionner définitivement pour ces échanges philosophiques qui s’épanchent jusque tard dans la nuit. Cette nuit justement, que le héros passe chez Maud, est présentée par Rohmer comme un moment magique mais aussi un regret en devenir. En se refusant à Maud afin de conserver intact son choix arbitraire d’épouser Françoise, une femme qu’il connaît à peine, Jean-Louis décide de passer à côté d’une vie sans doute meilleure. Alors qu’il se prévaut de laisser faire le hasard, il provoque au contraire les événements avec Françoise et tourne le dos à l’aventure que représente Maud. Conte « moral » au sens noble, drame amoureux et psychologique d’une finesse rare, 'Ma nuit chez Maud' s’apprécie aussi pour son rythme ample, son noir et blanc stylisé et son cadrage admirable qui rendent les rues enneigées de Clermont-Ferrand, la ville natale de Pascal, féériques. – EC

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Before Sunrise (1995) / Before Sunset (2004)

de Richard Linklater, avec Ethan Hawke et Julie Delpy

Dans ‘Before Sunrise’, Céline et Jesse (Julie Delpy et Ethan Hawke) se baladent dans les rues de Vienne le temps d’une nuit, échangeant leurs vues sur l’amour, la vie, le monde animalier. Neuf ans plus tard (spoiler), les amants d’un soir se recroisent à Paris pour ‘Before Sunset’. Certes, les décors de carte postale sont un peu too much, et les dialogues fleur bleue du premier film peuvent parfois provoquer des saignements d’oreilles – un peu comme quand l’Adèle de Kechiche compare Sartre à Bob Marley. Mais les longs plans-séquences, devenus la véritable marque de fabrique de la « trilogie Before », ainsi que l’évolution des personnages d’un film à l’autre (d’adolescents un peu niais à adultes réalistes), font de ces premiers chapitres deux œuvres plutôt fascinantes – et oui, très romantiques aussi. – AB

Une aussi longue absence (1960)

d'Henri Colpi, avec Alida Valli et Georges Wilson

Il paraît presque incroyable que le premier film d’Henri Colpi ait échappé à un remake hollywoodien, tant son histoire s’y prête : Thérèse, gérante d’un bistrot de banlieue, aperçoit un jour un clochard qui lui rappelle étrangement son mari, déporté pendant la guerre (Cindy, gérante d’un diner dans une banlieue de la côte Est, aperçoit un jour un clochard qui lui rappelle étrangement son mari, enrôlé au Vietnam). L’homme est amnésique, mais Thérèse se persuade peu à peu que c’est lui et le confronte au passé, dans l’espoir de raviver sa mémoire. Ecrit par Marguerite Duras à partir d’un fait divers et récompensé par la Palme d’or en 1961, ‘Une aussi longue absence’ est un conte terriblement mélancolique sur les pièges de la mémoire et l’obstination, presque obsessionnelle, d’une femme amoureuse. L’interprétation tout en retenue de Georges Wilson et Alida Valli, deux âmes timides qui osent à peine se frôler, est magistrale. – AB

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Les Chevaux de feu (1964)

de Serguei Paradjanov, avec Ivan Nikolaïtchouk et Larissa Kadotchnikova

Variation sur ‘Roméo et Juliette’ dans les Carpates ukrainiennes, ‘Les Chevaux de feu’ raconte la passion tragique de deux êtres dont les familles se haïssent et s’entretuent, de l’enfance à l’âge adulte. D’accord, on connaît un peu la chanson. Seulement, profitant de ce scénario sans audace apparente (la censure n’étant pas un vain mot en URSS en 1964), le Soviétique Sergueï Paradjanov réussit à mettre en place un enthousiasmant modèle d’avant-garde visuelle, sonore et narrative. Sa réalisation éclate, frémit, se tord et tourbillonne comme un poème de Maïakovski. Inattendus, baroques, les mouvements de caméra, les angles de vues, les jeux sur les couleurs paraissent autant d’élans et d’envolées vers l’expressivité pure. D’une modernité impressionnante en même temps qu’archaïque et légendaire, ‘Les Chevaux de feu’ paraît jouer avec le chaos pour transcrire le débordement de la passion. A l'inverse, le long métrage suivant de Paradjanov, ‘Sayat Nova’ (1968), affichera une maîtrise imposante, presque formaliste. Symétriquement, tous deux s’imposent comme des monuments du cinéma soviétique, à rapprocher de Tarkovski (dont ‘Andreï Roublev’, le deuxième long métrage, sort en 1966) ou de Tenguiz Abouladze (‘L’Arbre du repentir’, 1976). – AP

La Déesse (1960)

de Satyajit Ray, avec Soumitra Chatterjee et Sharmila Tagore

L’amour, au Bengale (nord-est de l’Inde) en 1960, resplendit entre deux adorables jeunes gens : Umprasad (Soumitra Chatterjee) et Doyamoyee (Sharmila Tagore, 14 ans, et arrière-petite-fille du célèbre poète Rabindranath Tagore, grande influence de Satyajit Ray), qui vivent ensemble une douce et bienveillante idylle. Hélas, Umprasad doit partir à Calcutta, étudier à l’université. Pendant son absence, son père croit alors voir en sa belle-fille un avatar de la déesse Kali, la traitant comme telle jusqu’à l’épuisement mental et physique de la jeune fille. De retour, Umprasad se rendra donc compte qu’il doit à la fois affronter son père et la tradition. Dur. A la fois histoire d’amour et critique du fanatisme, ‘La Déesse’ reprend le couple d’acteurs du précédent film de Satyajit Ray, ‘Le Monde d’Apu’ – qui resteront d’ailleurs deux de ses interprètes fétiches. Mais son récit tragique et quelques scènes de pure félicité amoureuse suffisent à en faire une romance intense, sombre et brillante, servie par une musique sublime – comme souvent chez le cinéaste : on pense notamment à son ‘Salon de musique’ (réalisé l’année précédente). En l'occurrence, celle d'un des plus grands maîtres indiens du sarod : Ustad Ali Akbar Khan. – AP

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de Tony Scott, avec Christian Slater et Patricia Arquette

Sur un scénario de Quentin Tarantino (qui vient de réaliser ‘Reservoir Dogs’, l’année précédente), ‘True Romance’ suit l’épopée et la dérive amoureuse de Clarence (Christian Slater), vendeur de BD à Détroit, fan d’Elvis et d’arts martiaux, et d’Alabama (Patricia Arquette), call girl que son patron lui offre comme cadeau d’anniversaire, mais pour laquelle le coup de foudre est immédiat et réciproque. Chargés d’une valise emportée par mégarde et bourrée de cocaïne appartenant à la mafia, nos Bonnie and Clyde amateurs traversent les Etats-Unis en semant les cadavres, et croisent Denis Hopper, Gary Oldman, Christopher Walken, Brad Pitt, Val Kilmer ou Samuel L. Jackson. Autant dire qu'il a beau être signé par Tony Scott, le réalisateur de ‘Top Gun’ ou ‘Le Flic de Beverly Hills 2’, c’est clairement la patte excessive de Tarantino qui se fait sentir dans ce film. Citationnel et sexy. Polyphonique, ultra-violent et jouissif. – AP

La Belle et la Bête (1946)

de Jean Cocteau, avec Jean Marais et Josette Day

Jean Cocteau disait du cinéma qu’il est « l'écriture moderne dont l'encre est la lumière ». Tourné au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la ceinture serrée, 'La Belle et la Bête' en est le reflet magistral. Clairs-obscurs tranchants, jeux d'ombres aux faux airs expressionnistes, effets spéciaux à base de fumée, objets animés par des trucages parfaitement rudimentaires... Lorsqu'il revisite le conte de Madame Leprince de Beaumont en 1946, l’ex-surréaliste réinvente intégralement le langage du fantastique au cinéma et révolutionne, du même coup, les codes visuels de l’onirisme qui règnent alors sur l’imaginaire collectif. Exit les flous nébuleux et les fondus : pour la première fois sur grand écran, ce sont l’ombre – de la maison bourgeoise de la Belle – et la lumière – de la demeure enchantée de la Bête – qui viennent tracer la frontière entre le réel et le merveilleux. Un contraste allégorique qui vient sublimer la poésie du cinéaste tout en soulignant la gravité de la fable. C’est sans doute cette candeur féérique, mêlée à sa folle intensité, qui contribue à faire de ce long métrage l’un des plus puissants de Cocteau. – TB

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Dolls (2002)

de Takeshi Kitano, avec Hidetoshi Nishijima et Miho Kanno

Plus connus pour ses polars bourrés d’humour et ses yakusas à l’ultra-violence décalée, Takeshi Kitano livrait en 2002 ce film d’une limpidité de haïku, doublée d’une formidable exubérance graphique. Entre réminiscences du bunraku – spectacle de marionnettes proche du théâtre nô – et expression cinématographique contemporaine, ‘Dolls’ parcourt trois histoires d’amour, hantées par un même couple de vagabonds majestueux, errant en silence tandis que le film croise une idole défigurée après un accident de voiture, une femme qui s’époumone désespérément sur un jeu d’enfant, ou un yakuza (quand même !) sur le déclin, et ses souvenirs de la seule femme qu’il ait aimée. ‘Dolls’ procède ainsi : par touches sentimentales, par mouvements méditatifs, tendant à une remarquable plénitude visuelle. Par moments hypnotique. – AP

de Jean Vigo, avec Michel Simon, Jean Dasté et Dita Parlo

L'histoire est basique : Juliette (Dita Parlo) fuit l'ennui de la campagne en épousant un jeune marin, Jean (Jean Dasté), et embarque avec lui à bord de L’Atalante. Mais leur vie de couple, aux côtés du père Jules (Michel Simon, donc) n'est pas vraiment de tout repos. Rêvant de Paris, Juliette profite d'une escale pour quitter le bateau et son propriétaire. Jean déprime, jusqu'à ce que le père Jules décide de se lancer à la recherche de la jeune femme. A partir de ce scénario de film de commande, Vigo invente des scènes magiques, des parenthèses suspendues dans le temps. Car c’est tout un langage cinématographique que Jean Vigo tend à définir avec ‘L’Atalante’, tournant certaines scènes en muet, d'autres en parlant, d'autres encore en musique. En plus d’être un film inoubliable, audacieux, aux cadres scotchants, ‘L’Atalante’ est aussi une formidable grammaire du cinéma. Pas la grammaire de l’école, mais cette grammaire souple d’une langue véritablement vivante, de celles qui s’inventent dans les poèmes. – AP

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