Une institution populaire revient à la vie ! Ce bouclard à souvenirs pour les Juifs tunisiens de Belleville tombait en lambeaux. C’était sans compter sur le très habile Edouard Lax, proprio du bistrot le Grand Bain juste en face et de la boulangerie Petit Grain un peu plus loin qui, après de longs travaux et un sérieux coup de polish, a rendu sa chaleur à la devanture à carrelage terracotta, décrassé l’enseigne et fait entrer la lumière dans cet antre amical. Le délice des Délices ? Une irrésistible terrasse plantée dans cette ruelle sans voitures où l’on s’imagine très bien refaire sa vie, du matin au soir. Car le lieu ouvre en continu pour une offre au sourcing plus chaud qu'un livre de Bruno Lemaire : dès 9h30, on s’envoie un petit-dej grand-breton avec muffin, œuf, bacon, comté (9 €) ou une bonne vieille tartoche (4 €). Au dej (midi-15h30), la carte aligne sardine à l’escabèche, terrine cochonnante, fish burger sauce tartare et mousse choco (5-13 €). Et le soir à l’apéro, on met les doigts dans un goûteux baba ganoush, de salivantes supplì (les croquettes italiennes) ‘nduja/pecorino, un kebab d’agneau et flatbread ou une indispensable assiette de bonnes frites (de 4 € à 14 €). Bonus le WE avec des churros et du chocolat chaud comme en Espagne, todo el dia (8 €) ! Et bien sûr, ça jajate avec jugeote : bières parisiennes Deck & Donohue (4 € le demi), vins nature à la tireuse (dès 5 €), softs maison (dont une étonnante citronnade au verjus, 4 €) et efficaces cocktails (7

20e arrondissement : les restaurants
Nos tables préférées dans le 20e arrondissement
Perché sur la colline de Belleville depuis 1987, le Baratin est le bistrot préféré des chefs : Pierre Hermé, Iñaki Aizpitarte, Bertrand Grébaut… A l’origine de cet exploit, un binôme complémentaire à la Bonnie & Clyde. A la cave, l’un des pionniers du vin naturel, le patron Philippe Pinoteau aka Pinuche, qui dresse une carte pleine de caractère, à son image. Aux casseroles, Raquel Carena, légende de la popote bistrotière qui régale chaque jour, abats en tête, les habitués avec une cuisine d’une sincérité aussi déroutante que réconfortante. Ce midi-là, lors de notre dernier passage, on a explosé le dernier bouton du pantalon : moules sautées aux poireaux (11 €), sardines crues marinées à la coriandre (11 €), fondante langue de veau et sauce aux herbes (11 €)… Avant, pour le plat, une pomme de cœur de ris de veau (34 €) parfaitement dorée et réveillée par une sauce au citron ou, pour les frileux, une sublime épaule d’agneau de lait rôtie (24 €). En dessert, retour en enfance avec l’intense fondant au chocolat (8 €) et la douceur du moelleux aux poires (8 €), divin. Un repas réussi jusqu’à l’entrée en scène du patron, qui fait virer le gueuleton au mélodrame. Au moment de commander le dessert, coup de théâtre : on nous demande manu militari de libérer la table car nous avons été “trop lents pour manger”. Un peu sonnés, on avance que le plat a surtout mis 35 minutes à arriver… Et là, c’est le coup de grâce : “Non vous n’avez pas arrêté d’aller fumer des clopes.” (Une seule en réa
Par décret révolutionnaire du 28 apérôse, il faudrait au moins un bistrot comme celui-là dans chaque commune de France (avec du gamay remboursé par la sécu idéalement). Le genre d’adresse salvatrice à l’âme vineuse et la terrasse uvéable qui réenchante le menu ouvrier, forte de convictions en faveur des petits producteurs et de la saisonnalité. Dans cette grande chorale qui entonne le cantique des cantines, aux cotés du Café du Coin, Salicorne ou Recoin, on trouve dans le quartier Saint-Blaise ce Ploc, un son mélodieux qui veut dire “joie” en tire-bouchon. Régenté par Virginie Ratel et Dominique Segall (ancien de la Vierge, autre QG), ce bouclard aussi coquet que kaki affiche au dej une formule à 22 € qui débite de l’ordinaire en barre : salade de harengs-pommes à l’huile de bon aloi ; impeccable risotto aux moules et coques de réfectoire (en beaucoup mieux) ; et en dessert, une tarte Bourdaloue (amandes et poires) tellement casanière qu’on a l’impression de vivre en coloc avec les cuisinier(e)s. En l'occurrence, Mathilde Denuncq le midi et Léo Ait Bahaddou (vu chez Mingway) le soir, qui nous met bien en prime time : œuf pané-mayo au sumac (7 €) ; oignons brûlés-sauce rayu-amandes (8 €) ; tempura de merlu et épinard (17 €)… Côté cave, on vous lâche dans le nature : blanc de l’Hérault soiffard (5 €), gamay strombolien d’Ardèche (6 €) ou quilles du Beaujolais (35 €), de Loire ou d’Alsace (44 €) pour des rasades entre camarades. Prêt pour une Ploc party ? Chez Time Out, tous l
Dîner sur le rooftop du Mama Shelter est une expérience à vivre pour se dépayser, s’amuser en ripaillant, se croire en vacances un soir d’été sans passer le périph’. L’ascenseur de l’hôtel mène au dernier étage, où d’avenants serveurs décontractés vous réceptionnent sur la terrasse. On découvre alors émerveillé la table de ping-pong, de grands hamacs et des matelas avec des couvertures qui invitent à la sieste. Pour vous ouvrir l’appétit, laissez-vous tenter par un excellent cocktail maison concocté selon vos préférences par le barman mixologue, avec des fruits frais de saison. C’est le meilleur moment pour taper la balle, car il fait jour et votre vision est encore claire. Puis vient l’heure de passer à table. Ne pensez pas trouver ici un menu classique comme au restaurant du rez-de-chaussée : la formule est unique. Côté cuisine, rien de sophistiqué, mais des ingrédients de haute volée cuisinés simplement et dans le respect des saveurs. Les assiettes sont généreuses, les petits détails délicieux, comme cette huile d’olive artisanale ou ce sel croquant disposés sur la table. On accompagne son plat d’un vin consistant pioché dans une belle sélection de crus. Gardez un peu de place pour le dessert, une tarte du jour ou une salade de fruits frais, dans ce même esprit de petits plaisirs simples et délicieux. Résa obligatoire pour le dîner. A la nuit tombée, des guirlandes colorées illuminent la terrasse, et de petites lampes-tempête à la lueur tremblante s’allument sur les tables
En un an d’existence, et malgré le Covid, Paloma est devenue la coqueluche du quartier. Tous les voisins en ont fait leur cantine et ça joue des coudes et des QR codes pour déjeuner. Il faut dire que l’estaminet, arrimé à son coin de Belleville, ouvert par Marie-Anna Delgado (à la cuisine) et Olivia Brunet (à la salle), deux copines des Beaux-Arts de Paris, coche toutes les cases du bon plan. Une salle claire et minimale où la brique grattée, le carrelage brun et le Placo brut font de l’œil aux tomettes cocktail et au mobilier bistrot ; une cuisine simple, ambiance retour de Catalogne par les départementales du Gers et des prix ténus comme une parole de gauche sur CNews. Le midi, la formule entrée/plat/dessert s’affiche ainsi à un minuscule 15 balles. Dans les assiettes chinées arrive un velouté de champignons doux comme un agneau, accompagné, tel un bâton de berger, d’un croustillant à la scarmoza. Puis enchaîne un fondant ragoût de seiche avant un retour en enfance pour le dessert : un chausson aux pommes et sa bonne cuillère de crème fraîche ! On fait couler tout ça avec un verre de muscadet Bohale de Romain Petiteau (6 €), pioché à l’ardoise naturophile et sulfitophobe. Le soir, l’ambiance bascule de cantine à cantina avec des tapas délurées (à becquetter la tête sous les étoiles aux beaux jours) : yakito-ris d’agneau et houmous de topinambour (10 €), cochon laqué et choux pointus (10 €) ou bao au jarret de veau (11 €). Bref, on sort de là en chantant coucouroucoucool Pal
Une place avec sa volée de marches et son église, tellement romantique qu’elle a déjà fait du cinéma (Femme fatale de Brian de Palma en 2002), une façade crépie bizarrement méditerranéenne et une salle aussi biscornue que chaleureuse avec lustre bas, parquet massif et quelques places en terrasse : voilà le décor planté pour Dilia, restaurant au nom valisant Dino et Ilia, les aïeux du chef Michele Farnesi. Depuis 2015, le Toscan, passé chez Rino et Heimat, poursuit sa route, celle qui arpente les terroirs d’Italie et débouche sur une cuisine précise et enlevée. Au dîner, dans la formule à cinq services et 55 €, après un trio d’amuse-bouche dont une redoutable mini-pizza frite stracciatella et mortadelle qui pourrait faire un mètre carré de plus, on entre dans le vif avec de délicats tortellinis à la brandade vénitienne rehaussés de micro-tranches de poutargue dont l’iode convole avec l’acidulé d’un beurre blanc monté au citron. Beaucoup d’émotions avec une simple assiette de pasta ! On continue de nager dans une félicité croquante et saline avec un mulet opalin, sauce hollandaise à l’oursin et choux romanesco. Puis épure de médaillon d’agneau rosé accompagné d’un jus redoutable, tapi dans des feuilles d'endives. En dessert, une double dose de maîtrise des textures : un câlin de cremoso à l’amande et granola croquant puis fraîche salade d’orange, noix caramélisées et miettes de financier sous un édredon de crème fouettée. La carte des vins baguenaude dans la Botte : étonnant
Gianpaolo Polverino se trouve dans une impasse et il semble aimer ça. Après la table iodée indus’ Caché et la taverne catalane furibarde Amagat, l’ancien pubard triple la mise avec Santa Silvia (du prénom de sa mamma romaine) dans cette bucolique villa Riberolle, charmant cul-de-sac de pavés lové dans le 20e. Une adresse résolument ritale donc, dans un cadre racé comme une Alfa Romeo (dessiné par le frère du taulier), répartie sur deux étages. En bas, un comptoir ouvert où s’active le chef Luca Fiorucci (passé par le Bulgari), entre béton ciré, bois miel et tables de marbre noir. En haut, une ambiance de salon de chalet moderniste sur le lac de Côme : une cheminée, un bar, une platine vinyle et deux tables basses autour desquelles peuvent prendre place huit dîneurs. Car ici, comme l’annonce le sympathique serveur, c’est une cuisine « du partage ». On connaît la musique : la taille des assiettes va être inversement proportionnelle à celle de l’addition. Début du partage avec de convaincantes asperges à la flamme bien croquantes, habillées d’un voile arachnéen de lard de Colonnata (14 €) ; le twist du vitello tonnato (avec des morceaux de thon) se montre plus à la peine, à cause d'une viande trop sèche et d'une sauce trop timide (15 €). Arrive la pasta, de joufflus raviolis amatriciana impeccablement al dente, garnis d’une sauce tomate puissante et s’ébrouant dans une replète crème de pecorino. Sauf qu’avec seulement six unités dans l’assiette (20 €), il y a un goût de trop peu
À un jet de jalapeño de l’église de Ménilmontant, Carlos Peñarredonda et Mads Christensen nous font monter sur l’échelle de Scoville – qui mesure la force des piments. Dans leur cantina pop aux couleurs acidulées comme un paquet de Skittles, les deux spice boys colombiano-danois explorent des recettes du monde qui enflamment la bouche quelque part entre 0 unité de piquance (pour l’inoffensif poivron) et 5 millions (pour l’abrasif gaz lacrymogène). Autant dire que, sur le papier, on craignait de voir notre tête finir comme Notre-Dame de Paris... L’autre soir, les assiettes allumées par un service pulsé ont été vite éteintes : trio de (creuses) croquetas cheddar-piment vert à tremper dans une sauce explosive mangue-gingembre (8 €) ; kiffantissime salade de papaye verte à la thaïe croisée avec des chicharrónes, cette poitrine de porc croustillante latino-américaine (12 €) ; et en plat à partager, un tomahawk de porc, soit une côte juteuse avec son os en forme de hachette iroquoise, slicée et maquillée comme une camionnette volée de salsa au piment rocoto et de chimichurri de shiso vert… Le tout à enrouler dans des feuilles de sucrine et des herbes façon nems vietnamiens – ludique et plaisant (30 €). En dessert, on laisse le banana split au dulce de leche pour la prochaine fois (9 €). Mais alors, ça pique comment ? Pour vous donner un repère, j’aime manger pimenté et je n’ai pas le palais ferré ni la langue ignifugée… Ce soir-là, monter un peu plus hot sur l’échelle de Scovill
Pour qui ? Ceux qui aiment bien boire et manger pour un prix raisonnable, dans une ambiance presque villageoise.On glougloute quoi ? Une pinte en terrasse Ménilmontant reste l’un des meilleurs quartiers de Paris. Preuve une nouvelle fois avec le Demain c’est loin, un bar à tapas qui a ouvert récemment en face de l’église Notre-Dame de la Croix. Contrairement à certains restaurants qui n’hésitent pas à faire des tapas un produit de quasi luxe, le Demain c’est loin propose les siennes à un tarif bon marché, proche des véritables tapas espagnoles. Vous hésitez toujours au restaurant pendant des heures avant de choisir ? Pas de souci. De 3,50 à 6,50 euros, vous pourrez ainsi vous payer un véritable assortiment sans vous ruiner, goûtant à la fois les patatas bravas et les tartines au pain Poilâne jambon-mozzarella, l’houmous et les crevettes sautées, les mini-brochettes de poulet et la tortilla. Voilà pour le solide. Côté liquides, les rhums arrangés et les cocktails côtoient une sélection de bons vins abordables qui changent régulièrement, on ne s’en plaindra pas. Tout ça serait déjà suffisant pour y passer ses soirées, mais le Demain c’est loin vaut surtout pour son ambiance chaleureuse, ses conversations au coin du jukebox gratos (n’hésitez pas à lancer un "Chercher le garçon" de Taxi Girl, le magnifique "Buona Sera" de Louis Prima ou un bon vieux "Ruby Tuesday" des familles), son espace étroit qui incite à la franche camaraderie, tout ça sous l’œil bienveillant de l’adorable
Pour qui ? Des potes pas allergiques aux décibels ni à la béchamel.Plat culte ? Les panisses et leur mayo car on ne vit qu’une fois: MAYOLO ! On ne vient pas déguster un velouté de silence derrière la façade brutaliste de ce bistrot souvent blindé. Non : la faune mondialisée qui peuple ses banquettes est plutôt du genre expansive quand elle commande les plats écrits au feutre sur les carreaux de la cuisine vitrée. Ici, béchamel et décibel font bon ménage, c’est d’ailleurs pour ça qu’on aime ce Grand Bain à l’énergie communicative, bistrot parigot dans l’allure mais très anglo-saxon dans ses manières de table. Enfin, pas que, car on tombe aussi sur des plats d’ailleurs et sur d’autres sans passeport, à l’identité liquide : de la “confusing cuisine” d’après le bon mot de sa talentueuse cheffe canadienne Emily Chia. Une bienheureuse confusion ! A notre énième venue, on se partagea des gougères au lardo di colonnata (7 € les deux) et de grosses panisses à tremper dans une mayo vénielle (7 €), deux gimmicks de la maison, avant d’enchaîner sur une langue de bœuf tonnato qui jouait au vitello dans sa version tripière (8,50 €), puis des coques qui dansaient la salsa verde (8,50 €), de dandy haricots verts au yaourt fumé et citron salé (8,50 €), avant un ébouriffant mafé de pleurotes qui n’a rien à envier à celui au poulet (9 €) et une poitrine de cochon, blette et kimchi tout en tonus (15 €). En dessert, la pavlova café nectarine huile de feuille de figuier finit de nous emporter da
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