Après la Dame des Arts et son rooftop en métal précieux, Odéon – qui décidément s’encanaille – propose désormais un bar à saké clandé, caché dans une pâtisserie japonaise. C’est quoi la prochaine étape ? Des Barbour pas boutonnés jusqu’en haut ? Mais revenons à nos mochis. Le patron de chez Tomo, Romain Gaia, grand amateur d’alcools japonais, a décidé de leur accorder une place dans sa micro-adresse du 6e. Les vendredis et samedis soir, à partir de 18h30, le petit comptoir en bois se mue en bar caché. Et clairement, l’offre se montre plus vaste que la surface du lieu ne le laisse supposer. La carte propose une sélection de sakés (alcool de riz fermenté) et de shōchūs (alcool fermenté puis distillé) resserrée mais érudite. On se laisse tenter par une triplette de dégustation (10 €) allant du saké du plus frais et floral (tokubetsu junmai Jikon de Kiyashô Shuzô) au plus puissant (junmai Teiseihaku de Shichihonyari). Alors que les enceintes d’ordi – tous les Japonais ne sont pas audiophiles, OK ? – crachent de la pop nippone, le tour de l’archipel se poursuit avec la carte de neuf cocktails très orientée highball (un alcool et une eau gazeuse) et convaincante comme ce Golden Drop qui mixe shōchū de riz et ginger ale qui exotise les papilles. Il manque juste à ce lieu inclassable un éclairage plus tamisé et des petits trucs salés à grignoter pour en faire un izakaya 24 carats. Chez Time Out, tous les établissements sont testés anonymement par nos journalistes, en payant l'additio

6e arrondissement : les bars et les restaurants
Petites et grandes tables au cœur du quartier latin
Dans la série "les Parisiens réinvestissent les épicentres à touristes", après Montmartre et Chez Eugène, voilà le quartier Saint-André-des-Arts et le bar à cocktails de l'hôtel Dame des Arts. Pour échapper aux mauvais paninis, aux bières surtarifées et aux quarterons de Britanniques en ayant abusé, passez donc d’un air décidé la porte de ce chic hôtel sorti de terre en 2023. On pourrait rester dans son patio néo-Art déco dessiné par Raphaël Navot, avec plancher en bois noirci à la flamme, tubes de chêne lambrissant les murs et banquettes en velours bleu nuit. Mais non, le Parisien hautain sait prendre de la hauteur. Direction donc l’ascenseur et le 5e étage pour un des rooftops les plus zinzins de la rive gauche (et sur le podium si on considère toute la ville). Quelle vue démente ! Là, Notre-Dame à un jet de mégot ; de l’autre côté, la tour Eiffel qui se glisse entre le clocher de Saint-Germain et le dôme des Invalides, le tout sur un océan de toits bien entretenus (c’est le 6e, bébé). Vous n’avez jamais utilisé le réglage panoramique de votre téléphone ? C’est le moment ! Quand vous vous êtes assez enivré de la vue, passez aux cocktails avec une courte carte de trois propositions avec alcool et autant sans. On opte d’abord pour un Uno Mas (18 €), plaisante variante de la Tommy’s Margarita avec tequila, sirop d’agave et cardamome agrémentée de sel et d’une feuille de sauge. Le Shakerato des Arts (16 €), petite bombe rafraîchissante qui mêle Select, citron et fleur d’oranger
Enroulez c’est plié. La discrète bataille des meilleurs handrolls de Paris est déjà finie et le vainqueur fait salle comble à Odéon. C’est Kaïto, enclave nipponne et inox dont le blase signifie « l’homme de la mer », tenue par Takuya Watanabe (Taku pour les intimes), maître sushi à l'origine de l’inoubliable Jin. La petite salle (un couloir en fait) a de quoi surprendre : un comptoir en marbre bleuté qui court le long de la cuisine avec quelques couverts dressés pour s’y accouder… Sans poser ses fesses, car comme dans les bars tokyoïtes du marché aux poissons (et la chanson de Johnny), il faut rester debout. Au menu déjeuner, pour les heureux élus qui se pointent dès 12h15, les Rolls des rolls défilent par trois, quatre ou cinq, escortés d’une soupe miso – qu’on laperait à même le marbre – et d’une fraîche salade d’algues au concombre. Dans la feuille de nori craquante sélectionnée entre mille sont emmaillotés, d’un tour de main expert, grains nacrés de riz tiède, soja maison et surtout du poisson de première bourre ciselé, tel le thon rouge bluefin ou le maigre de ligne. Parmi les signatures, c'est le Kaïto maki, sirène deux thons (ventrèche et akumi, thon rouge taillé à la verticale), courge marinée, shiso et sésame, qui remporte le titre de Monsieur bien roulé ! Pour rester thon sur ton, on accompagne ça d’un ramequin de dés de ventrèche aux asperges blanches et wakame infiniment printanier. En unique dessert, une terrine chocolat blanc-matcha goûtue mais un peu dense pou
Pour qui ? Un(e) fan d'Art déco ayant un sacré coup de fourchette !Plat culte ? Le coquelet rôtiVoilà plusieurs années maintenant que le désormais très médiatique Yves Camdeborde est aux manettes de l'hôtel Le Relais Saint-Germain. Dans la salle à manger Art déco, modestement baptisée Le Comptoir du Relais, il sert une cuisine de bistrot tous les jours de midi à 18 heures et les soirs de week-end. Mieux encore, un menu unique les soirs de semaine (65 €), ultra couru, qui permet à ce masterchef chevronné de nous montrer en cinq plats toute l'étendue de son talent. Dans les assiettes, boudin noir, terrine, coquelet rôti ou bien selon l'heure, l'envie et la saison, bouillon de volaille aux perles du Japon, cèpes à la plancha, selle d'agneau roulée et raviolis basques aux légumes. Coup de cœur pour le généreux plateau de fromages, sciemment oublié par le serveur sur un coin de la table façon en reveux-tu en voilà.
Pour qui ? Les amateurs de pâté, boudin noir/blanc, d’oreilles de porc, bref de tout ce qui constitue un joli petit porcelet.Le plat culte ? Une terrine de la semaine + un ballon de jaja nature. Au royaume des chefs, le cochon est roi, tel pourrait être le slogan de notre chef du Sud-Ouest préféré, Yves Camdeborde, qui ouvre ici sa quatrième adresse entièrement dédiée à cet animal (et au pinard bien sûr). Des peintures de cochons sur les murs, un cochon rouge volant suspendu au plafond, un jambon à l’os posé sur le comptoir et une giga-motte de beurre Bordier à disposition, dont on tartine généreusement cet addictif pain au maïs. Comme dans ses deux autres "avant-comptoirs", les intitulés des plats sont suspendus à des crochets. Tous plus gourmands et cochons les uns que les autres, à l'instar de ces pommes grenailles au foin, beurre d’anchois, et épaule de naf-naf confite (8,50 €), délicieusement rosée, ces croquettas au jambon de Bayonne (3,50 €) ou encore cette raviole de cochon (6,50 €), sublime. Surtout ne faites pas l’impasse sur les pâtés et autres charcuteries incroyables comme cette terrine hebdo de pieds de cochon, en édition limitée, ultra-fondante et parfumée.Côté glou, des petits producteurs respectueux de Dame Nature (à l'image de Raphael Baissas, Roussillon "nature peinture", extra). A boire aussi ? Des shots de sang béarnais (sic), sorte de boudin liquide. Pas mal du tout (oui oui, nous avons goûté). Une malheureuse cliente demande un plat végétarien. "Mais on
Imperturbable aux modes, Antonin Bonnet, Cévenole aussi taciturne que talentueux, continue son apostolat gastronomique barycentré autour du produit, dans une salle aussi fantaisiste qu’un énarque sous Tranxène (parois claires, tables en enfilade et luminaires célestes). Le zigue arpente l’Hexagone à la recherche des meilleurs poissons, des viandes les plus éthiques et des plus beaux légumes. Dans sa Boucherie Grégoire voisine, il opte pour de la charcute canaille à même le billot et dans son adresse étoilée, ce capitaine au long cool cisèle des assiettes sages mais précises, prenant souvent le grappin nippon et tarifées CSP++. Malgré le calme mozartien de ce midi-là, on entendait pépier dans l’accord mets et vins (rajoutez 50 € à la cuenta) de ce quinsou – « petit pinson » en occitan – un délicat homard bleu breizh émoustillé par des pickles de betterave pourpre (21 € de supplément à la place des Saint-Jacques malouines, on se pince !), adossé à un onctueux verre de crémant d'Alsace 2014 de Christian Binner, suivi d’une lotte des berges de Vendée au nacré palpable, chatouillée par un trio saké-yuzu-miso auquel ce catarratto sicilien apportait le gras idoine. Puis, à l'angle carné, un sensuel ris de veau fermier d'Anne-Laure Jolivet reposait sur une crème truffée subtilement liée à un jus de viande (mais à 24 € de supplément, le veau est-il d’or ?). Enfin, restons glucides, le cheesecake à la vanille rehaussé par différentes textures d'agrumes et sirop d'hibiscus conclut brill
Pour qui ? Les becs de zinc fans de Camdeborde ayant le tutoiement facilePlat culte ? Un ceviche de lieu jaune, jus de petits pois, concombre, granny-smith La version iodée de l’Avant Comptoir de la Terre de papa Camdeborde est une franche réussite. Comme chez l’aîné, on y mange debout et tout se passe au comptoir : la commande comme la dégustation. Pifs extra, hors-d'œuvre revisités façon tapas et assiettes créatives, le tout dans une ambiance folklo et décontractée. Tellement décontractée qu’on se croirait à la maison, un peu comme Hugo (oui, ici, on se fait des copains en cinq minutes) qui laisse son smartphone charger à l'autre bout de la salle sans surveillance. Pour commander, il faut y aller franco, on joue des coudes, on pousse même quelques gueulantes mais toujours tout sourire et avec l’accent du Sud. En attendant d’être servis on saisit un panier de pain de campagne avec une plaque de beurre Bordier, histoire de tartiner un peu. Et Dieu que c’est bon. A tel point qu’on pourrait venir ici juste pour déguster quelques tartines. Mais après tout, on est quand même venus ici pour les tapas. Pour les trouver, c'est vers le plafond qu’il faut regarder. Des photos des mets y sont suspendues avec la composition et le prix. Là aussi, on rougit presque de plaisir. Ceviche de poisson, granny smith, concombre ; tartare de thon, framboise, sarrazin, coriandre ; carpaccio de gambas blanche de Palamos et bien d'autres pépites (4 à 20 euros l'assiette). Jouissance gustative garanti
Plus besoin de présenter Cyril Lignac, sa bouille enjouée, son accent du soleil et son CV long comme le bras de Rudy Gobert. Parmi ses plus franches réussites ? Sa triplette d’adresses qui enflamment la rue du Dragon, dont notre préférée, le Bar des Prés, ex-institut de bronzage devenu crépusculaire comptoir d’inspi nippone à la sauce Lignac. La déco chicos signée Studio KO invente l’izakaya de luxe avec ses tables marbrées, ses luminaires en osier et ses banquettes à motifs paon, tandis que la cuisine envoie blockbusters du chef et tueries japonisantes. L’autre soir, flottant dans une faune BCBG ascendant Rolex sur fond de muzak gentiment électro, on cale nos coudes sur le bar pour commander au staff avenant LE gimmick Lignac : sa craquante et fine galette de chair de tourteau et avocat, génialement parfumée au curry Madras (28 €), suivie d’un assortiment de six sushis chèrement facturés (38 €) mais parfaitement fondants et exécutés, entre otoro (ventrèche de thon gras), anguille laquée et Saint-Jacques. On enchaîne avec des moins convaincants california de crevettes croustillantes, sésame wasabi et mayonnaise thaïe (28 €). Avant de ne laisser aucune chance à des oursins marinés au tosazu (vinaigre de riz à la bonite fumée), cébette et citron vert, génial plat méconnu de la préfecture de Kōchi (au sud du pays). On fait passer tout ça avec des cocktails plutôt bien troussés, comme ce doux et acidulé Tokyo Garden (gin, saké, yuzu, shiso, litchi) à 19 €. Fin de partie avec un s
Pour qui ? Les amateurs d’ambiance décalée et de cocktails calés. Boire quoi ? Un Chirac 95 (calvados, génépi, shrub aux pommes, blanc d’œuf et citron), la signature tout en second degré du lieu. L’entrée en planches brutes façon ranch du Dakota clouées à la va-vite par des trappeurs dans le (gold)rush détone franchement dans ce très chic 6e, à un jet de Stetson de Saint-Germain-des-Prés. L’intérieur crépusculaire et cosy (murs boisés, comptoir sombre bordé de velours, castor empaillé) rassure le visiteur sérendipitique : nous voilà plus dans une ode à Twin Peaks qu’un hommage à Jeremiah Johnson. Ici, pas de vin, pas de bière ni même de grignotage de cow-boy : Thomas Codsi, le taulier, propose un bar à cocktails pour amateurs érudits, et basta. La carte de treize créations (14 €) à l’esprit voyageur shake les ingrédients du monde. Le Tomoko Point (scotch, shochu coréen de patate douce, chartreuse jaune, sirop d’abricot sec, lavande, citron jaune, champagne brut) pétille de fruits. Tandis que le Cockpit County (rhum Wray & Nephew infusé à l’anis vert, 30&40, eau de noix, sève de pin, cassis, citron vert) sent bon la balade en forêt. Agréable petit bonus, l’autorisation de nuit s’accompagne d’un sous-sol où ça balance des hanches sur du rock/country des années 1950-60, à la lumière des bougies. Saint-Germain is not dead ! Chez Time Out, tous les établissements sont testés anonymement par nos journalistes, en payant l'addition à chaque fois, comme n'importe quel client !
Ne comptez pas ressortir d'ici sans tache de vin sur vos habits ! Le soir, dans cette cave à vin voûtée tout en pierre, cachée au cœur du quartier huppé de Saint-Germain-des-Prés, des étudiants branchés s'encanaillent comme des ouvriers. Ils dansent collés à la sueur de leurs voisins ou même sur les tables quand le sol est déjà trop densément occupé, et ils boivent, ils trinquent, ils chantent à tue-tête des chansons françaises, comme un hymne à la gloire de Bacchus, à fond les ballons de rouge ! Georges, qui tenait cette authentique taverne française depuis toujours, ne patine aujourd’hui son zinc qu'avec son coude, qu'il soulève allègrement à la moindre occasion. Chez Georges est une institution. « Depuis 1952 », lit-on sur sa façade. Une cave à vins comme il en reste peu, qui a gardé son charme d'antan avec ses photos de célébrités oubliées jaunies par la nicotine et son horloge Raphaël Quinquina, aussi désuète que cet apéritif qui était à la mode au siècle dernier. Dans la torpeur de l'après-midi, on entend encore son « tic-tac » qui ponctue le silence des parties d'échecs auxquelles s'adonnent certains habitués l'après-midi. Le soir venu, ne vous laissez pas décourager par le monde, il faut parfois attendre avant de descendre à la cave.
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